Puerto Villamil
En 1835, le HMS Beagle fait escale aux îles Galápagos. À son bord se trouve un jeune naturaliste anglais ayant entrepris un voyage de 5 ans dans l’hémisphère sud, histoire de bien démarrer sa carrière. Il est appliqué et consciencieux, et envoie régulièrement de nouveaux spécimens à Cambridge, où il commence à se faire un nom. Il s’ingénie à consciencieusement inventorier la faune de cet archipel durant un mois, avant de continuer sa petite balade sur le Beagle. Parmi cette riche faune, 13 spécimens de petits oiseaux, différant notamment par la taille de leur bec.
À son retour en Angleterre, notre naturaliste fait le tour de ses confrères scientifiques afin de cataloguer ses découvertes, étant lui-même plus touche-à-tout qu’expert (d’ailleurs à l’époque il s’intéresse plutôt à la géologie). Ainsi il offre à la Société zoologique ses exemplaires de mammifères et d’oiseaux. Le célèbre ornithologue John Gould ne tarde pas à lui faire alors savoir que les 13 exemplaires d’oiseaux ramenés des Galápagos sont bien 13 espèces distinctes mais, malgré leurs importantes différences morphologiques, appartenant toutes au même groupe des fringillidés, un phénomène plutôt rare. Hum, intéressant ça.
Le problème c’est que le jeune homme ne sait plus vraiment où ont été récupérés précisément ces spécimens. Il fait en sorte de recouper les notes des autres membres de l’expédition du Beagle, et se rend alors compte que chaque espèce de fringillidé provient d’une île différente. Hum, encore plus intéressant ça. Après mûre réflexion, il se dit que les oiseaux, après leur arrivée dans l’archipel, se sont en quelque sorte « transformés » pour former sur chaque île une espèce nouvelle. Le lien sera ensuite progressivement fait avec la végétation des îles, et donc le régime alimentaire de chaque espèce : Geospiza scandens possède un bec fin lui permettant de se nourrir de la chair des cactus et de ses fleurs ; Geospiza magnirostris et son gros bec est adapté à la casse de solides graines ; tandis que Certhidea olivacea présente un bec pointu et étroit typique des insectivores.
Cela prendra encore de nombreuses années à notre naturaliste, d’autant plus qu’il est régulièrement malade (possiblement une cochonnerie chopée en Amérique du Sud, peut-être la maladie de Chagas), qu’il s’intéresse à divers autres sujets, et qu’il cherche à bétonner au maximum ses observations pour parer à toute objection potentielle, mais en 1859 il finit par publier Sur l’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie, un titre pas vraiment hollywoodien, qui sera rapidement raccourci en L’Origine des espèces, nettement plus vendeur. Voici un passage de l’introduction résumant globalement le bouquin :
« Comme il naît beaucoup plus d’individus de chaque espèce qu’il n’en peut survivre ; comme, en conséquence, la lutte pour l’existence se renouvelle à chaque instant, il s’ensuit que tout être qui varie quelque peu que ce soit de façon qui lui est profitable a une plus grande chance de survivre ; cet être est ainsi l’objet d’une sélection naturelle. En vertu du principe si puissant de l’hérédité, toute variété objet de la sélection tendra à propager sa nouvelle forme modifiée. »
Les bases de la théorie de l’évolution étaient posées. Merci monsieur Charles Darwin pour votre incroyable contribution à la science.
Pour la petite anecdote, il y a aussi sur l’île de Santa Cruz un musée créationniste sponsorisé par l’Église adventiste du 7ème jour. D’ailleurs aux États-Unis, les créationnistes représentent toujours 80% de la population, et de manière générale la théorie de l’évolution est largement minoritaire de par le monde. Après tout, ce n’est qu’une théorie…
Et l’idée de la robustesse plutôt que de la performance pour mieux résister de Olivier Hamant va tou jours bien avec le modèle de Darwin.
Effectivement. Le modèle darwinien a de toute façon largement évolué depuis le XIXème siècle, mais c’était néanmoins un visionnaire ! Et n’oublions pas Lamarck, le précurseur…
Et dieu dans tout ça, il n’aurait rien fait ? N’importe quoi !
Peut-être qu’il s’est occupé d’autres planètes que la nôtre, va savoir, l’univers est vaste !