Menu Fermer

Un peu d’histoire brésilienne – suite et fin

Paraty

Il est temps de reprendre notre leçon d’histoire là où nous l’avions laissée. Rappelez-vous, le 7 septembre 1822, Dom Pedro prononce unilatéralement l’indépendance du Brésil (c’est souvent unilatéral une déclaration d’indépendance, charge ensuite au pays fraîchement créé de se faire reconnaître par ses pairs, et pas uniquement par 2-3 états totalitaires).

Dom Pedro devient alors Pierre Ier, ça fait tout de suite plus sérieux. Plein de bonne volonté, il convoque en 1823 une assemblée chargée d’élaborer une constitution. Mais le texte ainsi obtenu ne lui plaît pas trop, car il limite fortement ses pouvoirs. Nan mais les gars, vous vous êtes crus en démocratie ou quoi ? Il dissout donc l’assemblée, et propose l’année suivante sa propre constitution autoritaire, on n’est jamais si bien servi que par soi-même.  

Mais son règne sera finalement de courte durée : le jeune pays, miné par des conflits internes et externes, ne veut bientôt plus de lui, et Pierre Ier est forcé d’abdiquer en 1831, léguant le pouvoir à son jeune fils de 5 ans, Pierre II. Ah oui ok, c’est possible ça ? Il y a bien sûr une petite période de régence, mais à 14 ans le jeune empereur se dit qu’il est désormais temps d’assumer ses responsabilités. Et celles-ci dureront près de 50 ans ! Son long règne permet de stabiliser le vaste pays et de le développer économiquement, grâce notamment au café (ça va bien avec le sucre cela-dit), dont le monde entier ne peut définitivement plus se passer…

Sauf que l’esclavage est toujours en vogue au Brésil (on ne va quand même pas payer nos ouvriers agricoles si ?), alors que le reste de la planète a déjà tourné la page. Et ça commence quand même sérieusement à grogner. L’abolition a finalement lieu le 13 mai 1888, libérant ainsi la bagatelle de 700 000 esclaves. L’Empire n’y survivra pas. Le maréchal Deodoro da Fonseca mène un coup d’état militaire en 1889, proclamant la Première République (dont il devient bien sûr le premier président).

Qu’est-ce que cela change concrètement ? Eh bien le pouvoir passe de l’aristocratie vers la bourgeoisie (tiens, ça me rappelle quelque chose). Permettant aux riches de devenir beaucoup plus riches (notamment les grands propriétaires fonciers). Et aux pauvres de le rester. La situation devient progressivement explosive, et en 1930, Getúlio Vargas, gouverneur de l’État de Rio Grande do Sul, prend la tête d’une révolution qui aboutit à la mise en place de la Seconde République (dont il devient bien sûr le premier président).

Ok, mais qu’est-ce que cela change concrètement ? Un poil plus de choses cette fois. Droit de vote universel, quelques acquis sociaux pour les travailleurs, interventionnisme de l’état, industrialisation massive… L’époque est à l’opposition de deux grands courants de pensée : communisme VS fascisme. Vargas a une petite préférence pour le second, puisqu’en 1937 il suspend finalement la récente constitution pour imposer son régime dictatorial, l’Estado Novo. C’est marrant hein cette mode des régimes populistes et autoritaires dans les années 30 ?! Heureusement que cette époque est révolue…

La dictature de Vargas tient jusqu’en 1945, finissant alors par payer un spectaculaire retournement de veste lorsque le Brésil s’engage auprès des Alliés en 1942, après avoir jusque-là léché les bottes de l’Italie et de l’Allemagne… Suite à quoi une nouvelle constitution est votée, voilà que débarque la Quatrième République (cherchez pas, il n’y a pas de Troisième…). Devinez qui est élu en 1951 ? Vargas. C’est marrant hein ces hommes politiques qui s’accrochent au pouvoir et qui parviennent à se faire élire malgré leurs casseroles ?!

Cela ne dure pas très longtemps, car Vargas se suicide en 1954, après divers scandales et la menace d’un coup d’état. Il obtient ainsi le statut de Héros National, comme quoi… La faible République s’accroche encore un peu, mais en 1964, en pleine Guerre Froide et jugeant que l’ultime président a des idées un peu trop à gauche, l’armée prend le pouvoir, qu’elle conservera pendant vingt ans. Au programme ? De la dictature militaire classique : écoutes, emprisonnements arbitraires, torture, disparitions… À côté de ça l’économie du Brésil fonctionne plutôt bien, celui-ci devenant progressivement une puissance mondiale émergente. Tout en ayant un bon quart de sa population vivant dans l’indigence.

Enfin, en 1985, la démocratie est de retour. Et elle semble cette fois-ci à peu près installée pour durer. Mais la société brésilienne est polarisée comme jamais (la dernière élection entre Lula, centre gauche, et Bolsonaro, extrême droite, s’est jouée à rien), les inégalités défient l’entendement (je n’avais pas vu autant de personnes dans l’extrême pauvreté depuis l’Inde), la corruption demeure un sport national, la crise climatique commence à s’inviter sérieusement dans la partie, et en plus c’est l’Argentine qui a remporté le dernier mondial de foot. Mais le Brésil a su montrer sa résilience au cours des siècles, surmontant les nombreuses crises qui ont émaillé son histoire tumultueuse. Ça devrait aller.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *