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Les échos d’une gloire passée

Samarcande

Après quatre jours à arpenter Samarcande, l’heure est venue de répondre à la question : la ville du XXIème siècle est-elle à la hauteur de sa légende ? Vous avez 4 heures…

Bien sûr les Routes de la Soie ont disparu dans les limbes de l’Histoire (même si Xi fait de gros efforts pour asservir tout un tas de pays via la version modernisée de celles-ci), et Samarcande n’est plus le cœur d’un gigantesque empire, mais elle n’en demeure pas moins une ville d’importance dans l’actuel Ouzbékistan, avec plus de 500 000 habitants. Ainsi dès que l’on sort du petit centre historique, on trouve une vieille ville labyrinthique aux ruelles étroites cernées de hauts murs aveugles (les maisons donnent généralement sur un patio central bien caché), ainsi qu’une succession de larges boulevards soviétiques, avec parcs et bâtiments massifs de rigueur. Plus des kilomètres et des kilomètres de banlieues. Tout ça, c’est la « vraie » Samarcande, celle où les gens vivent, travaillent, sortent. Et où les touristes ne s’aventurent guère, excepté les curieux.

Puis il y a donc ce petit centre historique, rempli de monuments incroyables, parfois un peu à la sauce Disney : les voitures y sont interdites, les seuls commerces sont des boutiques de souvenirs ou des restaurants « locaux », et de larges espaces verts relient les principales attractions, les anciens quartiers d’habitations ayant été détruits ou cachés, des fois que les touristes prennent peur devant les conditions de vie pas toujours idylliques des Ouzbeks. L’avantage d’une dictature, c’est que personne ne va se plaindre de quelques relogements forcés… En tout cas on croise dans ces rues nettement plus de touristes que de Samarcandais.

Bon, ces petites précisions faites, il faut quand même bien avouer que tout ça a plutôt de la gueule. Quatre monuments principaux se détachent (parmi une bonne vingtaine), et chacun d’eux pourrait à lui seul justifier un voyage. Chah-e-Zindeh est une nécropole dont les plus anciens mausolées datent du XIème siècle, abritant célébrités et anonymes (sans doute de riches anonymes tout de même) ; véritable forêt de dômes, l’ensemble dégage une grande sérénité, même si, les lieux étant étroits, il faut parfois un peu jouer des coudes avec les instagrameurs déchaînés. La mosquée Bibi-Khanym fut en son temps la plus grande du monde ; un peu trop d’ailleurs, car la coupole principale va rapidement commencer à s’affaisser, ayant mis à rude épreuve les connaissances architecturales de l’époque ; difficile en tout cas de rester de marbre devant toute cette grandeur. Le mausolée de Gour Emir accueille la sépulture de Tamerlan, rien de moins ; vous imaginez bien qu’il ne s’est pas contenté d’un petit caveau des familles : la finesse et la richesse de la décoration intérieure sont à la hauteur de l’équilibre et de la majesté du monument ; une tombe d’empereur, aucun doute.

Enfin, le plus célèbre de tous, dont je ne me suis pas lassé de passer et repasser devant durant ce petit séjour : le Régistan. Ici, ce ne sont pas moins de trois superbes médersas qui occupent trois côtés d’une vaste place, laissant pantois tout spectateur qui découvre les lieux pour la première fois. La finesse des mosaïques se conjugue à la spectaculaire démesure des façades, et l’incroyable harmonie des lieux surligne la richesse des savoirs qui furent dispensés ici. Oui car pour rappel, une médersa est une sorte d’université d’élite, où l’on enseigne bien sûr la théologie (la base), mais aussi les sciences, la littérature, les arts… Bien sûr aujourd’hui des boutiques de souvenirs occupent les anciennes salles de classe, mais il n’est pas difficile d’imaginer étudiants et maîtres deviser dans ces lieux magiques. À noter qu’à l’origine, une seule médersa fut construite, par Ulugh Beg, un petit-fils de Tamerlan, éminent astronome. Les deux suivantes ne virent le jour que 200 ans plus tard, sous le règne de Yalangtouch. Grand bien l’en a pris.

Et pour répondre à la question initiale : j’ai envie de dire oui. Mais je vous laisse vous faire votre propre avis.

4 Comments

    • Vadrouilleur

      C’était une volonté de Tamerlan a priori, et la tradition est restée… Mais non pas si simple à obtenir, souvent à partir du lapis-lazuli, extrait en Afghanistan voisin.

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