Trujillo → Plasencia – 80 km
Après Doñana, deuxième Parque Nacional espagnol aujourd’hui, celui de Monfragüe, idéalement placé sur ma route du jour, ce n’est pas complètement un hasard… En prime, sans sable ni sel, magnifique !
Le parc est situé à la confluence de la rivière Tiétar et du Tage, oui le même qui borde Lisboa, comme on se retrouve ! Les paysages sont évidemment sympathiques, le fleuve, déjà majestueux, coulant ici au cœur d’une étroite gorge couverte d’une flore méditerranéenne luxuriante, loin de toute civilisation ; d’ailleurs le coin était un ancien repaire de bandidos et de voleurs de bétail… Mais Monfragüe est avant tout réputé pour héberger massivement de nombreux grands oiseaux rares, comme le vautour moine, la cigogne noire ou l’aigle ibérique.
Me voici donc débarquant comme une fleur au Salto del Gitano, le point de vue à ne pas manquer. Pour y trouver un parking rempli de belles voitures, et une petite armée d’ornithologues amateurs équipés de jumelles et de téléobjectifs à plusieurs milliers d’euros, je n’ai visiblement pas affaire aux premiers pékins venus. Et je comprends rapidement qu’avec mes simples yeux et mon zoom x4, je ne vais pas pouvoir voir grand-chose ou prendre la photo de l’année. Qu’à cela ne tienne, le lieu est splendide.
Quand soudain, semblant crever le ciel, et venant de nulle part, surgit un aigle ibérique. Juste devant moi, il a dû voir que j’étais un peu en galère. Et le plus incroyable, c’est qu’il se pose alors sur mon épaule. Tout le monde applaudit. Comment ça too much ? Bon j’avoue, la dernière partie est pure galéjade. Mais il est vraiment passé pas loin !
En repartant, je me fais quand même la réflexion que c’est très chouette l’ornithologie, et le spectacle de ces gigantesques oiseaux (2,80m d’envergure pour le vautour moine) tournoyant lentement haut au-dessus de nos têtes est particulièrement grandiose. Mais faut-il réellement faire des centaines de kilomètres au volant d’un SUV pour voir ça, contribuant ainsi un peu à leur disparition programmée ?
Note : puisque j’ai évoqué Doñana en préambule, rappelez-vous, dans l’article consacré je mentionnais l’existence de gigantesques plantations de fraises industrielles qui grignotaient petit à petit le parc, et qui surtout l’asséchaient en pompant l’eau de ses zones humides. Nombre de ces plantations étaient d’ailleurs parfaitement illégales. Et bien ce n’est désormais plus le cas : clientélisme oblige en vue des prochaines élections, le gouvernement d’Andalousie vient de tout légaliser (au grand dam de Madrid, qui crie au scandale mais ne peut pas faire grand-chose, autonomie des régions sur le sujet). Voilà voilà… Petit rappel donc : n’achetez pas de fraises espagnoles. Ou du moins pas originaires du coin !

Pour les cigognes noires, il y en a en Bourgogne, l’année dernière j’en ai même vu 3 passer au dessus d’Epertully. Les vautours (fauves plutôt que moines, mais ça a bien du déjà arriver) se perdent parfois au dessus de la Bourgogne pour quelques jours. Avec un peu de chance, on peut tomber dessus. Pour l’aigle ibérique c’est plus compliqué… m’étonnerait bien qu’il ait déjà été aperçu en Bourgogne. Les oiseaux, c’est chouchous de la nature ! Alors qu’au fond de la classe, le vieux crapaud commun, la méchante couleuvre verte et jaune, ou l’énervante mouche à viande, se chauffent auprès du poêle.
« ces chouchous de la nature »… grosse coquille !
Nouveau parc national autour d’Epertully ? Petit faible pour les reptiles en ce qui me concerne. Bon les mouches effectivement…