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Conquistadores

Cáceres → Trujillo – 50 km

L’Estrémadure, où je roule depuis 3 étapes, est un peu le pendant espagnol de l’Alentejo voisin : une vaste région majoritairement vide (un million d’habitants seulement), la plus pauvre du pays. Un plateau battu par les vents, coincé entre plusieurs chaînes de montagnes, aux conditions climatiques extrêmes, dédié principalement à l’élevage (j’ai vu largement plus de vaches et de moutons que d’habitants). Quelques grandes fermes isolées émaillent le paysage, sous un ciel bleu infini. Une beauté austère, qui prête à la rêverie.

Et des rêves, ses habitants les plus célèbres en ont eus, en allant chercher gloire et fortune de l’autre côté du monde. Car nous sommes ici sur les terres natales des plus fameux des conquistadores, Cortés, Orellana et les frangins Pizarro (plus tout un tas d’autres qui me sont inconnus).

Mais alors qu’est-ce donc qu’un conquistador ? C’est tout simplement un soldat à la tête d’une troupe, souvent issu de la petite noblesse, qui s’en va gaiement, au nom du roi et du catholicisme, commettre des génocides sur des territoires inconnus, et piller tout ce qui lui passe sous la main. Des sortes de monstres sous un déguisement d’humain en gros. Mais vénérés et élevés au rang de héros nationaux.

Tiens, prenez Francisco Pizarro par exemple, né en 1475 à Trujillo. Avec 180 hommes, 40 chevaux, quelques canons et une bonne dose de traîtrise, il va mettre à genoux l’Empire Inca à son apogée. Oui ça paraît aberrant… Vers 1500, le continent américain comptait environ 80 millions d’habitants. Cinquante ans plus tard, il n’en compte plus que 10 millions. Alors bien sûr ils n’ont pas tous été passés au fil de l’épée, cela aurait été beaucoup trop fastidieux. Non, c’est la variole, amenée par les Espagnols, qui aura fait le gros du taf. On parle en tout cas du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité. Rien que ça.

En tout cas, tous ces gens de charmante compagnie auront ramené une quantité astronomique d’or a casa. De quoi faire construire toute une flopée de palais dans le charmant village de Trujillo. Alors certes on en prend plein la vue, et on dégaine l’appareil photo tous les 10 mètres. Mais on ne peut quand même s’empêcher de penser aux massacres et aux pillages qui ont permis tout ça…

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