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Un peu d’histoire indonésienne

Berastagi → Ketambe – 5 h 30 de taxi partagé

Nouveau transfert, dans le confort d’un taxi partagé, mais dans l’inconfort des routes indonésiennes, plus le stress inhérent à la « place du mort » qui n’a jamais aussi bien porté son nom. L’occasion de découvrir ensemble ce qu’il s’est passé dans le coin durant les derniers millénaires.

Le peuplement de la région est fort ancien, puisqu’on dénombre plusieurs « hommes » locaux : homme de Java, homme de Solo, homme de Florès… Mais les premières mentions écrites de Sumatra et de Java datent seulement du tout début de notre ère.

Ce sont l’hindouisme et le bouddhisme qui vont se propager en premier lieu dans l’archipel, durant une « période classique » d’un bon millier d’années. Elle laissera en héritage un lot d’inscriptions en sanscrit, et quelques incroyables monuments (souvenirs émus de Prambanan et Borobudur visités il y a 10 ans). Puis à partir du XIVème siècle, le pays va s’islamiser progressivement depuis le nord de Sumatra, avec quelques résistances, comme les Bataks animistes (qui finiront catholiques) ou les Balinais hindouistes (qui resteront farouchement hindouistes).

Peu de temps après, les Européens débarquent aussi dans la région (ça faisait longtemps…), d’abord les Portugais et les Espagnols. L’enjeu : le contrôle des épices. Le giroflier pousse exclusivement dans les Moluques, et le muscadier dans quelques autres petites îles de la région. Plus du poivre à profusion. De quoi attirer les convoitises. Notamment des marchands hollandais (via la puissante Compagnie néerlandaise des Indes orientales), qui prendront progressivement la relève des portugais au début du XVIIème.

Les Néerlandais sont là pour rester. Ils fondent Batavia (actuellement Jakarta) en 1619, et la ville devient rapidement l’une des plus influentes d’Asie du sud-est. L’influence hollandaise se limite pendant longtemps à Java, mais le pays est progressivement unifié dans le sang, à coup de petites guerres contre chaque royaume composant l’archipel. Notamment à Bali, où lors d’un épisode célèbre, les ultimes résistants commettent le puputan, un suicide rituel, en marchant tranquillement vers les tireurs néerlandais. Courageux, mais pas fondamentalement utile.

Comme souvent, cette sanglante unification se retourne finalement contre l’envahisseur, qui concentre désormais les ressentiments de tous. D’autant plus qu’en 1905, les Japonais remportent la victoire contre les Russes à Port-Arthur. Tiens donc, les Occidentaux ne seraient en fait pas invincibles ? La résistance s’organise. En 42, les Japonais (en grande forme) s’emparent des Indes néerlandaises. S’ensuivront trois années véritablement cauchemardesques, comme globalement partout où sont passés les Japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale (le kawaï est venu plus tard…). Mais en 45 une nouvelle page se tourne, le pays obtient enfin son indépendance, proclamée par Soekarno, le résistant en chef. L’Indonésie est officiellement née !

Alors comme souvent avec les jeunes pays, les débuts sont difficiles. Bien sûr les Pays-Bas ne lâchent pas l’affaire tout de suite. Puis diverses insurrections éclatent à droite à gauche. Et surtout l’appétit des autocrates en puissance est aiguisé : en 66 Soeharto prend le pouvoir par la force, sous prétexte de réprimer un coup d’état qu’il a contribué à provoquer, habile. Suivent 33 années de dictature, avec quelques millions de morts à la clé. Mais au final, les premières élections démocratiques du pays sont organisées en 1999, youpi.

Et depuis ? Depuis ce n’est pas si mal, les présidents se succèdent à rythme régulier (avec un petit nouveau fraîchement élu cette année), le pays continue de s’enrichir (un peu au détriment de son environnement, et en créant d’énormes inégalités, mais ce n’est pas vraiment une surprise), les droits de l’homme s’améliorent, les conflits interethniques et interconfessionnels semblent pour l’instant apaisés… Et plus que jamais le tourisme bat son plein, à grand renfort d’influenceurs conquis par les paysages et les sourires des habitants. Heureusement, l’archipel est vaste.

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