Évora
Me voici arrivé depuis hier dans la charmante Évora, capitale historique de l’Alentejo, et plus grande ville de la région (50 000 habitants, on n’est pas non plus sur de la mégalopole…). Ici, le temps semble s’être empilé, couches après couches, et Évora offre aujourd’hui un tableau vivant de toute l’histoire du Portugal (validé par l’Unesco en 1986).
Le coin semblait déjà apprécié il y a fort fort longtemps : dans la campagne alentour, on trouve enceintes mégalithiques, dolmens et menhirs, datés d’environ 7 000 ans.
Puis en plein cœur de la ville, un temple romain superbement conservé, du IIème siècle. Dédié à ? On ne sait pas trop en fait, sans doute au culte impérial. Et des thermes se trouvent sous la mairie…
Evidemment c’est ensuite le Moyen-Âge, et surtout la Renaissance, qui laissent le plus de traces : imposants remparts, cathédrale romano-gothique (la plus grande du pays), églises en pagaille, palais bien sûr, université jésuite, étonnant aqueduc qui s’intègre parfaitement à la ville… Évora sera même un temps résidence royale, la cour étant venue s’installer dans une aile du gigantesque couvent de Saint-François (a priori les moines râlaient un peu sur leurs bruyants hôtes, aaah les joies de la colocation).
Au sein de ce qui reste du couvent, le monument le plus visité est l’étonnante et macabre Capela dos Ossos, une chapelle dont les murs et les piliers sont recouverts de quelques milliers d’os et crânes (ceux des moines), volonté de montrer le caractère très transitoire de notre vie terrestre (heureusement l’immortalité nous attend aux cieux…). Plein d’humour, le linteau à l’entrée indique : Nós ossos que aqui estamos pelos vossos esperamos (Nous, les os ici présents, attendons que les vôtres nous rejoignent).
À noter aussi que notre cher Napopo est passé dans le coin en 1808, pillant et tuant à tour de bras, comme il savait si bien le faire. Oui il n’y a guère qu’en France où il est considéré comme un héros…
Et bien sûr si vous voulez du moderne, il suffit de passer de l’autre côté des remparts pour retrouver le XXème siècle. Assez moche, ne nous voilons pas la face. Mais sommes-nous encore seulement capable de construire du beau ? À méditer.
En tout cas il y a largement de quoi faire dans cette attachante petite ville, où l’on pourrait aisément s’attarder !
Une anecdote pour finir : je suis passé hier devant une affiche géante qui bordait l’autoroute, probablement à destination des éleveurs locaux, qui clamait « Achetez des charolaises, plus de poids, plus de viande ». Bah oui, pourquoi vous vous embêtez encore avec vos espèces locales adaptées depuis des centaines d’années aux caractéristiques de la région ? Standardisez-vous que diable ! Alors certes il faudra sans doute les nourrir à coup de farines animales, mais pas d’inquiétude, on vous les vend aussi ! Et comme ça vous pourrez fournir tous les Mc du coin, c’est-y pas beau ? Aaah, l’agro-business…


Et les pavés omni-présents !
Toujours aussi beau.
Ah ça, les pavés, ce ne sont pas les potes de mon vélo ! Petite appréhension à chaque traversée de ville… 🙂
Impressionnants les os !
On peut s’inscrire pour faire don des siens quand on ne s’en servira plus…