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Château de cartes

Kumamoto

Avec 700 000 habitants (1,4 millions dans l’agglomération), Kumamoto est une grande ville du sud du pays, connue uniquement pour une chose : son château, l’un des trois plus beaux du Japon – désignation officielle. J’ai donc déjà croisé l’un des trois plus beaux jardins, l’une des trois plus belles vues, deux des trois grands bouddhas, et c’est désormais mon deuxième des trois plus beaux châteaux, après Himeji… Il faut croire que les Japonais aiment les classements.

La construction de la forteresse est achevée en 1607, au tout début de l’ère Edo, et est alors à la pointe de la technologie. Elle a vocation à montrer toute la puissance du clan Katō qui gouverne alors la province Higo, un vaste territoire qui s’étend sur une bonne partie de Kyushu. Et accessoirement elle permet de se défendre en période de guerre. Une légende raconte d’ailleurs que certains des tatamis et des murs intérieurs auraient été faits de matériaux comestibles… Comme ça, en cas de siège, une fois les celliers vides, on peut attaquer le mobilier !

L’unique fois où le château sert finalement à des fins défensives, c’est bien plus tard, en 1877, peu de temps après la fin de l’ère Edo. Le Japon se modernise alors à marche forcée, et les samouraïs, pendant longtemps au sommet de la pyramide, se retrouvent subitement mis au placard. Ils vont lancer un baroud d’honneur, nommé « rébellion de Satsuma », en tentant notamment de prendre le château de Kumamoto, transformé en caserne gouvernementale. Eh bien c’est un échec monumental, la forteresse ayant été formidablement bien conçue, notamment avec de fourbes murs en pierre courbes, ainsi que des surplombs pour balancer tout un tas de trucs sur quiconque souhaiterait s’infiltrer illégalement. Fin des samouraïs, ainsi que d’une bonne partie des bâtiments tout de même, qui partent malheureusement en fumée. L’édifice est alors plus ou moins laissé à l’abandon.

En 1960, en pleine euphorie économique, une reconstruction du donjon principal est entreprise. Puis de 1998 à 2008, ce sont tous les autres bâtiments qui y passent, et le château retrouve sa pleine gloire d’antan ! Las, c’était sans compter sur la propension du sol à bouger dans le coin : en 2016, une série de séismes secoue Kumamoto, et l’édifice se retrouve sérieusement endommagé. Booon… Qu’à cela ne tienne, la restauration, on sait faire. En 2021, le château rouvre ses portes, youhou. Mais il reste encore pas mal de taf, notamment sur les murailles en pierre : celles-ci faisant partie du patrimoine culturel protégé, chaque bloc doit être remis exactement à la même place qu’avant le séisme. Or ce dernier en a délogé environ 100 000. Il faut aimer les puzzles…

4 Comments

    • Vadrouilleur

      Merci beaucoup Joëlle, c’est sûr c’est moins drôle un anniversaire loin de ses proches, mais on ne va pas quand même pas se plaindre ! Bises.

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