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Sakurajima le prodigue

Kumamoto → Kagoshima – 3 h de bus

Au Japon le parapluie est un accessoire absolument indispensable, puisqu’il possède deux usages. Se protéger de la pluie, particulièrement fréquente et imprévisible sur l’archipel. Bon, jusque-là, rien de plus normal. Mais aussi se protéger du soleil, qui peut cogner dur dans le coin. Peur d’un mélanome ? Non, surtout peur de bronzer : le teint hâlé, c’est pour les gueux, la peau blanche, ça c’est la classe. Va expliquer ça aux vieilles cagoles de la Côte-d’Azur… Mais à Kagoshima, tout au sud de Kyushu, le parapluie possède un troisième usage, nettement plus original : se protéger de la cendre du Sakurajima. Indispensable vous dis-je !

Kagoshima est surnommée la « Naples de l’Orient » (elle est d’ailleurs jumelée avec la ville italienne). Pourquoi Naples n’est pas surnommée la « Kagoshima de l’Occident », allez savoir… La raison : le Sakurajima, un splendide volcan éruptif juste de l’autre côté de la baie, le cratère principal n’étant guère qu’à 8 kilomètres de la métropole. Et tout comme son collègue le Vésuve, il entre régulièrement en éruption. Très régulièrement même. Jusqu’en 2015, le volcan pouvait cracher de la cendre jusqu’à 1200 fois par an, 3-4 fois par jour donc (ces dernières années, il s’est provisoirement un peu calmé, avec un minimum ridicule de 145 fois en 2021). Oui le parapluie était souvent de sortie. Les laveurs de voiture sont ici millionnaires…. Ça, ce sont pour les éruptions « de base ». Mais il y a aussi des éruptions « explosives », qui, comme leur nom l’indique, projettent divers trucs dans les airs (trucs qui finissent par retomber, forcément, parfois sur des gens), ou bien génèrent de petits tremblements de terre, voire des tsunamis. Un poil moins fréquentes, forcément ; m’enfin quand même 885 en 2012… Et puis il y a les éruptions « bien vénères » (terme non officiel). Par exemple en 1914, le Sakurajima cesse d’être une île : une importante coulée de lave le relie désormais au reste de Kyushu (qui certes est aussi une île, mais bon, on s’est compris…).

Et là vous allez me dire : mais pourquoi diantre aller construire une importante métropole au pied d’un monstre pareil ? Qui ne date d’ailleurs pas d’hier, puisque c’est ici notamment que va débarquer saint François Xavier en 1549, dans sa vaine tentative d’évangéliser ce pays de païens. Eh bien tout simplement parce que la terre est fertile, les cendres ça aide. Et puis parce que l’humanité a toujours aimé prendre des risques : tiens regardez, par exemple en ce moment, à ne rien faire pour lutter contre le dérèglement climatique et la terrible chute de la biodiversité. C’est comme ça, on est joueur ! En tout cas, à Kagoshima, on cultive le plus gros radis chinois du monde (une trentaine de kilos pour les plus gros) et la plus petite mandarine de la planète (trois centimètres de diamètre). Alors on dit merci qui ? Merci Sakurajima !

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