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L’enfer est sur Terre, bis

Nagasaki

Le 9 août 1945, le B-29 « Bock’s Car » décolle de l’île de Tinian avec à son bord « Fat Man ». À 11 h 02 min, la seconde bombe atomique de l’Histoire explose à 469 mètres au-dessus du district d’Urakami, une paisible banlieue au nord du centre-ville. Nagasaki, une vaste ville industrieuse, un port chargé d’une longue histoire, n’est plus.

Tout ça… pour rien.

En ce milieu d’année 1945, le Japon se sait condamné, mais ne peut clairement envisager une reddition inconditionnelle (déshonneur ultime). Il avait signé en avril 1941 un pacte de non-agression avec l’URSS (d’une durée de 5 ans), permettant aux deux puissances de se concentrer sur le Pacifique pour l’une, et sur l’Allemagne pour l’autre. Sauf qu’en avril 1945, l’URSS, débarrassée de l’Allemagne, annonce qu’elle ne renouvellera pas le pacte, censé se terminer en avril 1946, et commence à migrer discrètement de nombreuses troupes à l’est. Mais le Japon ne s’en formalise pas trop, et tente de négocier à nouveau avec Staline pour obtenir soit un soutien, soit au minimum de meilleurs conditions de redditions face aux Américains. Et la guerre s’éternise, pour le plus grand plaisir des américains, qui vont enfin pouvoir utiliser leurs nouveaux jouets. Le bombardement d’Hiroshima ne change strictement rien pour les généraux de l’état-major japonais, qui se disent (depuis leurs bureaux de Tokyo) que finalement ce n’est pas pire qu’une grosse dose de napalm… Ils attendent surtout la réponse de l’URSS, qui arrive le 9 août, quelques heures avant le bombardement de Nagasaki : finalement, on va plutôt vous déclarer la guerre. L’armée rouge déferle alors sur la Mandchourie (occupée par le Japon). C’est cette invasion (pardon, cette « opération offensive stratégique en Mandchourie », véridique – oui les Russes semblent apprécier les euphémismes et les guerres surprises) qui va finalement pousser le Japon à accepter la capitulation proposée par les Américains. Et Nagasaki alors ? Un détail de l’Histoire…

D’ailleurs la ville n’était qu’un plan B. L’objectif principal était Kokura, un vaste complexe militaro-industriel plus au nord. Manque de pot, une dense couverture nuageuse masque la ville aux pilotes du B-29, le largage de la bombe se faisant au visuel. Ils tournent un moment, mais rien à faire, ils ne voient rien. Direction Nagasaki donc, et son usine d’armement Mitsubishi. Oh bah mince, encore des nuages… Oui, une percée, profitons-en, go go go ! L’usine à proprement parler est manquée, mais la bombe ne s’embarrasse pas de ce genre de détails.

Environ 75 000 victimes directes, principalement des femmes, des enfants et des vieux (les hommes étant sous les drapeaux ou dans les usines). Plus 75 000 blessés, qui pour la plupart succombèrent ensuite plus ou moins rapidement (toute la beauté des radiations, qui prennent leur temps avant de vous tuer dans d’atroces souffrances).

Une bonne nouvelle tout de même : si « Fat Man » était bien plus puissante que « Little Boy », la configuration d’Urakami, dans une cuvette entourée de montagnes, a finalement limité l’impact du blast, et le centre historique de Nagasaki, plus au sud, a été relativement épargné (on y trouve toujours des « vieux » bâtiments, ce qui n’est plus du tout le cas à Hiroshima).

80 ans plus tard, Urakami est désormais redevenue une banlieue verdoyante et prospère. Et Nagasaki œuvre comme sa consœur pour la paix dans le monde.

PLUS JAMAIS ÇA !

4 Comments

  1. Perrot Isabelle

    Le camphrier, le premier à avoir reverdi avec le ginko à Hiroshima et sûrement à Nagasaki, aussi…

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