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Un peu d’histoire népalaise

Sauraha → Pokhara – 7 h de bus (140 km)

Après cette parenthèse en plaine, retour dans les spectaculaires montagnes népalaises (qui ne sont jamais bien loin) afin d’attaquer le gros de mon programme : un trek au cœur de l’Himalaya. Mais d’abord, quelques heures de bus, l’idéal pour un petit article sur l’histoire compliquée (jusqu’à récemment) de ces hautes terres de légende.

Pendant longtemps, l’histoire du Népal ne s’est pas distinguée de celle plus globale du sous-continent indien : une constellation de petites communautés indépendantes dans les contreforts des montagnes, avec parfois une provisoire domination plus conséquente de l’une ou l’autre.

Il est finalement convenu de faire débuter l’histoire moderne du pays en 1768, lorsque Prithivî Nârâyan Shâh, le chef des Gorkhas, unifie sous sa bannière plusieurs États indépendants et fonde le royaume Gorkha, plus ou moins dans les limites géographiques de l’actuel Népal. Il décide alors de couper son pays du reste du monde, aaah on est quand même mieux entre nous.

Mais comme souvent lorsque l’on a affaire à un dirigeant conquérant et visionnaire, sa mort en 1800 entraîne le chaos. Les héritiers n’étant pas à la hauteur, le pays sombre dans l’instabilité, et perd au passage une guerre contre les anglais. Ce n’est qu’à partir de 1846 que le Népal va remonter la pente, lorsque la puissante famille Rânâ décide de s’arroger le poste de Premier Ministre, le rendant héréditaire, tout en reléguant le roi à un simple rôle de représentation.

En 1950, le roi fantoche Tribhuvan se dit que les Rânâ, ça commence à bien faire. Il s’enfuit en Inde et revient prendre réellement le pouvoir l’année suivante avec l’aide du voisin. Il nomme un Premier Ministre non-Rânâ, et rouvre son pays aux étrangers, l’occasion pour de nombreux hippies de venir tester le bon hash local en vente libre.

Une tentative de démocratie parlementaire ne satisfait pas complètement notre roi ambitieux, qui décide finalement qu’une monarchie absolue serait plus conforme aux « traditions népalaises ». C’est vrai ça, qu’est-ce qu’il y connaît le peuple à la politique ? Birendra succède à son père en 1972, et continue dans la même veine. Cependant la grogne monte dans les campagnes. Le roi tente quelques réformes, mais trop peu, trop tard, et le 12 février 1996, une guerre civile (d’inspiration maoïste) éclate ! Bien sûr les exactions sont nombreuses dans les deux camps, persuadés d’être dans leur bon droit, toute la beauté d’une guerre civile.

Le 1er juin 2001 (le jour de mes 18 ans !), toute la famille royale est sauvagement assassinée au palais. Le coupable désigné : le prince Dipendra, l’aîné de Birendra, qui dans un accès de folie aurait commis le massacre avant de se suicider. Le vrai coupable probable : Gyanendra, le frère de Birendra, étrangement absent ce soir-là, qui s’empare alors du pouvoir, et se met à régner en véritable despote.

Mais les histoires parfois finissent bien. En avril 2006, une grève générale illimitée paralyse le pays, et conduit le tyran à rétablir le parlement (qu’il avait supprimé). Ce dernier lui retire la plupart de ses pouvoirs. Un accord de paix est trouvé avec les maoïstes, et le Népal va progressivement abolir sa monarchie. Alors certes ça va encore pas mal chicaner entre républicains et communistes, mais le pays est une démocratie en paix depuis 2008. Et les touristes reviennent.

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