Parc National de Chitwan
Créé en 1973 et unesco-isé en 1984, le parc national de Chitwan est l’un des meilleurs endroits en Asie pour admirer la faune sauvage. Sur 932 km², il héberge 68 espèces de mammifères, 544 espèces d’oiseaux, et même 67 espèces de papillons histoire d’apporter une touche finale de couleur. Parmi les mammifères, certains sont emblématiques et en danger, comme le massif rhinocéros indien à une corne, l’étrange gavial ou bien le célèbre tigre du Bengale.
Ironie de l’histoire, le parc était à l’origine au XIXème une réserve de chasse pour anglais fortunés en manque de sensations fortes. Mais ces derniers étant finalement assez rares, les populations d’animaux eurent l’opportunité de croître sereinement. Non, comme souvent le problème vint de la prolifération humaine. Jusque dans les années 1950, les seuls résidents du parc étaient de petites communautés de Tharus, naturellement résistants à la malaria qui infestait la zone. Et puis on s’est dit que ce serait bien de supprimer les foyers de paludisme. Certes. Mais du coup de nombreux paysans des collines vinrent s’installer ici, en défrichant à tour de bras. Résultat : au milieu des sixties, il ne restait plus que 100 rhinos et 20 tigres. Aoutch. La nouvelle parvint finalement aux oreilles du roi de l’époque, qui décida de sanctuariser Chitwan une bonne fois pour toutes, dégageant tout le monde au passage. Aujourd’hui, le parc compte environ 700 rhinocéros et 130 tigres (le maximum pour la superficie), preuve s’il en faut de la résilience de la nature.
Pour explorer les lieux, pendant longtemps l’éléphant domestique fut roi. Et puis certains grincheux ont commencé à évoquer la ridicule notion de bien-être animal, tout ça… Si on ne peut même plus s’amuser ! Résultat, les éléphants gouvernementaux ont été relâchés (mais toujours plus ou moins nourris par l’homme, faute d’autonomie suffisante), et remplacés par de bruyantes jeeps, qui n’ont pas eu leur mot à dire. C’est donc entassés dans ces monstres rugissants que 98% des visiteurs du parc vont tenter de se prendre en selfie avec un rhinocéros. Et sinon pour les aventuriers dans l’âme, l’option piétonne est envisageable, dûment escortés par deux guides qualifiés.
Disposant de deux jours sur place, j’ai voulu tester les deux options. Comment dire… J’en ai légèrement préféré une, vous devinez laquelle ? D’un côté, une longue marche saccadée à travers la forêt et les hautes herbes, régulièrement embusqué, à l’affût du moindre mouvement, en compagnie de guides qui semblent connaître chaque bestiole et plante par son petit nom. Avec quelques pics d’adrénaline, notamment lorsque l’on manque de se cogner le nez sur l’arrière-train d’un rhinocéros au détour d’une sente. Et de l’autre, une douzaine de touristes bruyants à l’arrière d’un véhicule, trimballés d’un bout à l’autre du parc, avec petite pause photo dès qu’une bestiole est aperçue sur le bord de la piste. Une vingtaine de jeeps se suivent, et lorsque l’une d’entre elles est arrêtée, les autres à proximité rappliquent à vive allure pour tenter de mitrailler la pauvre créature qui se trouve là. Le guide fait de son mieux pour apporter quelques explications, mais la plupart des visiteurs n’écoutent que d’une oreille : ils sont venus pour voir un rhino et un tigre, point barre. À noter tout de même qu’étrangement les cerfs et les paons, à savoir les animaux les plus fréquemment croisés, semblent relativement indifférents aux bruits de moteurs, alors qu’ils sont beaucoup plus craintifs face à des piétons. Pas suffisant pour infléchir mon vote, victoire sans appel de la marche.




















Il est vrai ou faux ce Rhino ? On doute ! Perso, je pense qu’il est vrai…alors apprivoisé comme un éléphant ?
Il est vrai, et complètement sauvage. Certains mâles se réfugient en ville la nuit pour grapiller un peu de fruits et légumes, et surtout pour éviter de se faire tabasser par d’autres rhinos plus agressifs. Ils ont bien compris qu’ici les humains ne sont plus un danger ! En tout cas c’est assez impressionnant…