Life is a jungle

Arambol (Goa)

J’avais repéré sur la carte un sentier qui semblait s’enfoncer en ligne droite depuis la plage jusqu’au cœur de la jungle. Ma curiosité attisée, je me rends à l’origine de la sente, pour y trouver des panneaux « Propriété privée, sérieusement, grosse amende si jamais on vous chope », de quoi refroidir mes ardeurs. Jusqu’à ce qu’une vendeuse itinérante m’informe que ce n’était que du pipeau (tout en essayant de me refourguer batiks et bijoux fantaisies)… Bien, me voici donc parti en exploration. Le petit vent frais de la côte n’est bientôt plus qu’un lointain souvenir, le taux d’humidité atteint rapidement les 99,9%. La nature bruisse et vrombit autour de moi, oiseaux moqueurs, singes tapageurs, insectes collants, et même un beau serpent qui s’enfuit à mon approche.

Pensant raisonnablement être désormais seul au monde, je croise alors un jeune indien qui s’arrête pour la traditionnelle discussion (les locaux ont généralement la conversation facile). « Tu viens vivre ici ? J’ai un camp un peu plus loin, c’est gratuit. Tu sais, il y a du monde dans la jungle ! Tu veux fumer ? Je vends… » Bien bien bien, j’ai visiblement affaire à un illuminé, je le remercie et poursuis ma route… Qui voudrait vivre ici ? Je n’allais pas tarder à avoir la réponse, puisque quelques minutes plus tard je tombe sur… un camp. Un ruisseau, quelques tentes sous les arbres, et des babas dépenaillés, cigarettes magiques aux lèvres. Voici donc le dernier refuge de ceux qui veulent fuir la civilisation pour se défoncer tranquillement pratiquer la méditation transcendantale. Pas si mal cela dit, la plage et les bars ne sont qu’à un quart d’heure de marche, et clairement la police ne viendra pas fourrer son nez par ici. Il faut juste éviter de marcher par mégarde sur une bestiole venimeuse.

J’hésite un instant, puis m’en repars rejoindre mes frères d’armes accrocs à leur petit confort. Cette liberté-là n’est pas (plus) (pas encore) pour moi. Je ne suis qu’un quadra embourgeoisé.