Madurai
J’avais survécu à la circulation chaotique, aux vaches sacrées, à la chaleur étouffante, à la promiscuité des bus publics, et même aux éléphants sauvages. Je pensais donc que plus rien ne pouvait m’arriver. Mais j’avais oublié que les plus grands dangers de l’Inde ne sont pas macro mais microscopiques. Il suffit d’être un peu trop en confiance, de se permettre de manger et boire comme un local dans n’importe quelle gargote, pour que de vicieuses bactéries vous assaillent. J’ai donc passé, disons-le clairement, une assez mauvaise journée.
Pour autant, j’ai quand même réussi à traîner mes guêtres dans un temple et un palais, mais c’était très laborieux. Dommage, car le spectaculaire temple de Mînâkshî aurait mérité un peu plus qu’une visite à moitié mourant… Petite légende : le roi Malayadwaja et son épouse Kanchanamalai veulent avoir un fils. Manque de pot, c’est une petite fille qui naît, déjà âgée de trois ans, avec de magnifiques yeux de poisson (toujours grand ouverts, symbole de sa conscience éveillée) et pourvue de trois seins. Mais pas de panique, Shiva intervient auprès des parents désolés, leur dit d’élever leur fille comme un fils, et qu’elle perdrait son sein superflu lorsqu’elle rencontrerait son futur mari. Soit. Ils la nomment Thathakai, et lui enseignent les arts martiaux, dans lesquels elle excelle. Lorsqu’elle atteint l’âge de 21 ans, son père décide de la marier. Mais la jeune demoiselle n’est pas trop emballée à cette idée, et déclare n’accepter de se marier qu’avec l’homme qui serait capable de la battre. Évidemment elle va mettre une raclée à tous les rois et princes de la région. Puis Thathakai s’en va parcourir le nord de l’Inde, toujours dans sa quête du guerrier ultime. Elle finit par arriver sur le mont Kailash (une montagne sacrée), où elle rencontre Sundareshwarar, l’avatar de Shiva. Et bim, magie, son troisième sein disparaît (même pas besoin de combattre !), et le jeune couple repart bras dessus bras dessous à Madurai pour un gigantesque mariage. Suite à quoi Thathakai range ses armes, pour devenir une épouse fidèle et dévouée en la personne de Mînâkshî, la Déesse aux yeux de poisson.
Que l’on soit amateur de légendes ou non, le temple du XVIIème dédié à Mînâkshî est un des fleurons de l’Inde du Sud : 6 hectares, 12 gopurams (ces hautes tours pyramidales recouvertes d’innombrables dieux et démons), un labyrinthe de couloirs et colonnades, et des milliers de fervents pèlerins. Ainsi que des règles de sécurité très strictes : aucun appareil électronique dans l’enceinte du temple, donc pas de photos à vous mettre sous la dent. Presque anachronique de déambuler dans le gigantesque complexe en ne voyant personne plongé dans son écran de smartphone. De quoi se consacrer pleinement à la prière !












Est-ce que les paysages locaux influencent l’architecture…
Désert : sobriété de la déco
Jungle : luxuriance de la déco
Possible ! On serait alors entre les deux en Europe ? Pas forcément aussi simple, quid des églises baroques espagnoles ? :p