Petit tour chez les coptes

Le Caire → Assouan – 14 h de train (et c’est long 14 h de train)

Je quitte aujourd’hui le chaos du Caire pour la Haute-Égypte : direction Assouan, à la frontière entre l’antique empire et la Nubie, juste en aval de la première cataracte du Nil. L’occasion de tester le train égyptien, qui longe le fleuve sur un peu plus de 800 km, traversant une file presque ininterrompue de villes et de villages parsemés de champs, dont le vert tranche avec le désert que l’on distingue parfois au loin. Il faut dire que cette « bande de vie » est plutôt mince, donc concentrée, allez jeter un œil sur une image satellite, c’est assez impressionnant. Prévoir en tout cas un bon livre, le train n’est pas vraiment vif…

Je profite de cette journée de transition pour revenir sur ma petite balade d’hier dans le quartier copte du Caire, histoire de se dégourdir les jambes après le musée. Oui, copte ça vous dit quelque chose mais vous ne savez plus trop quoi ? J’y arrive. Il s’agit simplement de chrétiens, plus ou moins orthodoxes mais pas vraiment (leur liturgie est a priori encore plus complexe, c’est dire…), la plus grande minorité religieuse d’Égypte, en gros 10% de la population, 9-10 millions de personnes donc. Sous le patronage de Marc, le christianisme s’est en effet rapidement développé ici, peu après la mort du Christ, lorsque toute la région était romaine et vénérait encore un large panthéon, d’Osiris à Jupiter. Naturellement ils ont toujours souffert de quelques persécutions, le lot des minorités. Heureusement pour eux ils se fondent dans la masse, pas évident de distinguer un copte d’un musulman, si ce n’est que les premiers ont les pieds fourchus et mangent des enfants bien sûr. Fait amusant, c’est grâce notamment à leur langue (parlée jusqu’au XVII^ème mais aujourd’hui utilisée uniquement dans la liturgie) que notre Champollion national a pu déchiffrer les énigmatiques hiéroglyphes, la célèbre pierre de Rosette proposant le même texte en trois langues, dont une (égyptien démotique) parente du copte !

En tout cas le quartier copte historique tranche agréablement avec le reste du Caire, presque un îlot de calme (presque). Il faut dire qu’au sein de l’antique forteresse de Babylone (pas la Babylone mésopotamienne bien sûr), s’entassent sur tout au plus un kilomètre carré pas moins d’une vingtaine d’églises, ainsi qu’une synagogue et une mosquée (la plus ancienne d’Égypte) pour faire bonne mesure. Et même une paire de tours romaines. Avec quelques anecdotes : sous l’église Abu Sarga se trouverait la cave dans laquelle la Sainte-Famille se serait réfugiée quelques mois pour fuir le « massacre des Innocents » orchestré par le roi Hérode de Judée ; et ce serait non loin de la synagogue que bébé Moïse aurait été découvert par la fille du pharaon, flottant sur les eaux du fleuve. Je vous laisse bien sûr seuls juges de l’authenticité des faits, mais décidément difficile d’ignorer le poids de l’Histoire dans cette trépidante capitale !