Bodrum → Selçuk – 3h30 de bus
Ce matin je n’avais en somme qu’à me lever tranquillement, prendre mon petit déjeuner, marcher cinq minutes jusqu’à la vieille gare routière, puis grimper dans une navette pour la nouvelle gare routière (au milieu de nulle part, comme souvent désormais en Turquie), et enfin monter dans mon confortable bus pour Selçuk. Un peu trop simple. Alors pour pimenter le tout, je me suis dit que j’allais m’enfermer dehors (porte fermée, clés à l’intérieur). Le gérant essaie tout son trousseau de doubles, mais non, il semblerait qu’il n’y en ait pas pour ma chambre… Un ouvreur de portes professionnel arrive à la rescousse. Les minutes défilent. Il s’acharne. S’acharne. Les minutes défilent de plus en plus vite. Miracle, la porte finit par s’ouvrir, et ce sans mettre un coup de pied dedans ! Je plie mes affaires en quatrième vitesse, saute dans un taxi (plus le temps pour le passage intermédiaire par la vieille gare routière), et arrive pile pour attraper mon bus pour Selçuk. Voilà, c’est quand même nettement plus marrant ainsi.
Le nom de Selçuk (Sel-tchouk) ne doit pas vous dire grand-chose. On est effectivement sur de la petite ville provinciale standardisée : un long boulevard central au trafic infernal, une palanquée de cafés, de köftecisi, de pidecisi, des mini-supérettes à chaque coin de rue, et évidemment une statue d’Atatürk. Sauf qu’en prime on trouve aussi ici la tombe d’un apôtre, la dernière maison de Marie, une merveille du monde, et la ville antique la mieux conservée du pourtour méditerranéen, Éphèse. Ah oui tout de même !
Allez commençons par la merveille : le temple d’Artémis ! Une première version est bâtie vers -560, profitant d’un généreux mécène, Crésus (oui oui, le fameux riche comme). Mais il est incendié volontairement en -356 par Érostrate, qui voulait plus que tout devenir célèbre. Manque de pot, ce dernier sera condamné à mort, déjà c’est pas terrible, mais en plus interdiction à quiconque de prononcer son nom, et ça c’est bien sûr encore pire.
En tout cas le temple est reconstruit, en mieux, tant qu’à faire. Et va tenir le coup encore plus de 500 ans, avant d’être pillé par des Goths venus de la mer Noire. Puis comme d’habitude dans la région, ce sont les tremblements de terre qui auront raison de lui. Comme en prime entretemps tout le monde est devenu chrétien, plus aucune raison d’entretenir un temple païen. Artémis sombre dans l’oubli.
À l’instar du Mausolée, c’est aussi un Anglais, chichement financé par le British Museum, qui va réussir à retrouver la trace du temple en 1869, après plusieurs années de fouilles homériques. Et tout comme pour le Mausolée, il ne reste vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent. Quelques sculptures sont envoyées au Museum, et sur place une unique colonne (sur 127) a été reconstituée, derniers vestiges de ce qui fût le plus majestueux temple jamais construit.
À noter que l’on ne sait finalement pas vraiment à quoi ressemblait l’édifice, les différentes descriptions qui en ont été faites à l’époque étant confuses et parfois contradictoires. Si ça se trouve ce n’était qu’un gros piège à touristes en carton-pâte…


Deuxième fois que tu es enfermé dehors !
Et dommage qu’Artemis ait disparu avec son temple…. Plus guère de protection pour les animaux sauvages et la nature !
Oui mais cette fois c’était 100% de ma faute, pas réveillé ! :p
Artémis finira bien par revenir, sans doute un peu colère…