Château de coton – 1ère partie

Pamukkale

C’est littéralement ce que signifie Pamukkale en turc : « château de coton ». À flanc de montagne, visible de loin, une large zone d’un blanc très pur, qui se distingue nettement du maquis environnant. Mais qu’est-ce donc que cela ? De la neige ultra localisée ? Du guano ? Eh non, il s’agit tout simplement de gigantesques terrasses de travertin très pur.

Bon alors n’étant pas géologue de formation, j’ai dû un peu me renseigner. Le travertin est une roche sédimentaire calcaire de couleur variable (en fonction des impuretés), qui se forme sous certaines conditions près de sources d’eau chaude sursaturée en calcium et en bicarbonate. Or il semblerait qu’à Pamukkale ces conditions soient optimales…

L’eau jaillit ici de 17 sources, autour de 40°C en moyenne, et elle pétille ! Sachant que le débit est de 250 litres par seconde, que chaque litre peut déposer jusqu’à 2 grammes de carbonate de calcium, que la zone de concrétion mesure environ 2700 m de long, 600 m de large et 160 m de haut, combien de temps la nature a-t-elle mis pour créer cette merveille ? La bonne réponse est : « Quelques milliers d’années ». Oui c’est à la fois pas mal pour les mortels que nous sommes, mais étonnamment peu à l’échelle géologique…

Alors évidemment on prête à cette eau tout un tas de vertus magiques : suppression de l’hypertension, disparition des varices, soulagement des rhumatismes, repousse des cheveux, guérison de tous les cancers, et même au besoin augmentation pénienne. Les humains s’y baignent donc depuis fort fort longtemps. Et continuent de le faire aujourd’hui, en nombre toujours croissant, aaah ces humains… Si auparavant on pouvait profiter des piscines naturelles, le sur-tourisme a bien évidemment commencé à tout dégrader, donc on a installé quelques bassins artificiels le long d’une ancienne route, qui avait été taillée dans le travertin pour transporter plus facilement les feignasses au sommet. Oui on est assez fort pour d’abord bousiller les choses avant de tenter de rattraper le coup.

Aujourd’hui le site est avant tout un repère à Instagrameurs et à Chinois, parfois les deux à la fois (et je plains très sincèrement les parents ou les conjoints de ces divinités maléfiques des temps modernes, réduits aux rôles ingrats de portefaix et de photographes, se faisant hurler dessus toute la sainte journée). Heureusement on est en basse saison, et si on se lève tôt cela reste relativement supportable. Surtout que l’endroit est quand même spectaculaire, disons-le.

Tiens, je vais plutôt aller un peu plus loin pour avoir un meilleur point de vue, il ne semble y avoir personne. Oh mais, ne serait-ce pas un temple antique que je vois là ? Oh et puis là un théâtre ? Eh oui, je vous ai dit que les humains se baignaient dans ces eaux depuis fort longtemps. Partons à la découverte de Hiérapolis ! À suivre.