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Au pays des fées

Uçhisar → Konya – 1h de marche, 3h15 de bus et 45 min de tram

Il est malheureusement l’heure de reprendre la route, la Turquie me réserve encore pas mal de merveilles. Mais là il faut quand même bien dire que la barre a été placée très très haute : peu d’endroits dans le monde peuvent rivaliser avec les splendeurs naturelles de la Cappadoce.

Les paysages incroyables de la région sont le fruit d’un enchaînement de ce que l’on qualifierait aujourd’hui de catastrophes naturelles (à l’époque il n’y avait pas d’assureurs, donc ce n’était en rien des catastrophes). Il y a 10 millions d’années, trois gros volcans du coin entrent en éruption. Pendant en gros la bagatelle de 8 millions d’années. Largement de quoi ensevelir tous les environs sous plusieurs centaines de mètres de cendres volcaniques, qui s’agglomèrent. Puis vers la fin de cette période, une couche basaltique plus dure finit par recouvrir uniformément la zone. L’histoire aurait pu s’arrêter là, et la Cappadoce ne drainerait pas des touristes par millions. Mais dans la foulée la Terre se refroidit, et la région est prise dans les glaces, ce qui brise la couche supérieure de basalte. L’eau a pu ainsi s’infiltrer et creuser les couches tendres inférieures, créant les spectaculaires canyons et cheminées de fée (les piliers aux formes évocatrices que vous avez pu admirer en photo) qui rendent le coin si célèbre. Bien sûr l’érosion continue, et donc le paysage que nos ancêtres contempleront demain n’est pas celui d’aujourd’hui. Mais d’ici à ce que tout le tuf volcanique ait été emporté par les eaux, il y a encore de la marge…

Et donc que fait-on finalement en Cappadoce ? Eh bien on arpente, pour commencer. Et le terrain de jeu pour randonneurs est plutôt conséquent. Alors bien sûr dans certaines zones vous devrez composer avec des groupes, des cavaliers, et même des ab***is en quad… Mais dans d’autres, plus reculées, vous pourrez déambuler des heures durant sans croiser âme qui vive. Enfin à part votre chien-guide, évidemment. Et plein d’oiseaux. Inutile de préciser que vous allez passer l’essentiel de votre randonnée les yeux grand ouverts, saisi de la majesté du moindre recoin.

Sauf que ce n’est pas tout : le formidable bonus de ces paysages d’une autre planète, c’est qu’ils sont habités depuis fort longtemps. Car l’Homme est malin : il s’est vite rendu compte qu’il pouvait travailler sans aucun problème cette roche très tendre. Et a donc creusé au fil des siècles maisons, réserves, écuries, pigeonniers, et surtout de superbes églises. Oui c’est toujours étonnant de tomber sur autant d’églises dans un pays musulman, mais c’est oublier que la région a été un haut lieu de la chrétienté pendant plus de 1000 ans ! Et donc à chaque détour de sentier, vous pouvez tomber nez à nez avec une mystérieuse cavité qui ne demande qu’à être explorée. Tout simplement génial.

Cela aura été mon programme de ces derniers jours : marcher et explorer. Si ce n’est pas vraiment votre truc, vous pouvez aussi vous rabattre sur les activités touristiques plus traditionnelles : monter sur un dromadaire, visiter un atelier de poterie ou de tissage, acheter des kilos de babioles à des prix que vous trouverez dérisoires (mais vous vous ferez un peu arnaquer quand même), boire des litres de jus de grenades pressées, copieusement alimenter votre compte Instagram, et bien sûr prendre un peu d’altitude dans un ballon. Si avec tout ça vous ne trouvez pas votre bonheur en Cappadoce !

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