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Leçon du jour VII – Histoire de l’Anatolie, suite et fin

Uçhisar (Cappadoce)

Au calme aujourd’hui, dans un beau jardin, entouré de chats sympas et avec une vue superbe sur la vallée. L’occasion de poursuivre notre parcours de la riche histoire anatolienne.

Reprenons. L’Empire Byzantin donc, à partir du IVème siècle. Qui s’étend non seulement en Anatolie, mais aussi sur tous les Balkans. Et qui tiendra globalement le coup jusqu’au XIème siècle, pas si mal quand on vit entouré d’ennemis… C’est d’ailleurs ici, en Cappadoce, que l’on retrouve la plupart des vestiges de cette période, sous la forme d’églises troglodytes encore ornées de somptueuses fresques : l’avantage des grottes, c’est plus difficile à repérer et à raser…

Et puis en 1071, l’Empire seldjoukide remporte une victoire décisive contre les Byzantins. Qui sont les Seldjoukides me direz-vous ? Eh bien les Turcs ! Leur origine fait encore débat, mais il semblerait qu’à l’origine (lointaine) ce soit un peuple du nord-est de la Chine, qui s’est ensuite nomadisé dans les immenses steppes d’Asie centrale, avant de se tourner vers l’Islam et le Moyen-Orient. Et les voilà qui frappent à la porte de l’Anatolie !

S’ensuit une période un peu chaotique qui va durer la bagatelle de 300 ans. Les Turcs occupent tout le centre de la péninsule (sultanat de Roum), les Byzantins tiennent encore un peu l’ouest (dont Constantinople), tandis que les Arméniens et les Grecs occupent deux petits royaumes à l’est. Là-dessus voilà les Croisés européens qui débarquent pour convertir par l’épée tous ceux qui ont le malheur de ne pas croire en leur Dieu. Roum s’affaiblit, l’Anatolie centrale éclate progressivement en plusieurs beylicats, des petits royaumes indépendants dirigés par un bey, un chef de clan. Et tout le monde tape sur tout le monde. Le Moyen-Âge quoi…

Mais à partir de 1340, l’un de ces clans commence à prendre de l’importance : les Ottomans. Les uns après les autres, les beylicats voisins tombent sous leur coupe. Il y a bien une petite pause lorsque le psychopathe notoire Tamerlan débarque dans la région et massacre tous ceux qui croisent son chemin. Mais coup de bol, le vieux guerrier décède 3 ans plus tard (d’une pneumonie, ballot), et les Ottomans peuvent continuer leur unification de l’Anatolie. Jusqu’en 1453 et la prise de Constantinople, qui ne sera plus jamais chrétienne. Fin du Moyen-Âge.

Il ne se passe alors plus grand-chose jusqu’en… 1922 ! Un Empire pépère… Certes ses frontières vont pas mal fluctuer, il ira jusqu’à occuper tout l’est du bassin méditerranéen à la fin du XVIIème siècle, avant de progressivement rétrécir. Mais pour ce qui est de l’Anatolie, le cœur de l’Empire, la vie est un long fleuve tranquille. Il était temps me direz-vous…

La suite ? Eh bien la suite vous la connaissez ! La République de Turquie débarque en 1923, et elle a fêté il y a quelques jours ses 100 ans. D’abord sous la gouvernance d’Atatürk, jusqu’à sa mort en 1938. Retenant les leçons de la Première Guerre Mondiale, la jeune République reste neutre durant la Seconde (et finira même par attaquer les Nazis lorsqu’elle sentira le vent tourner), rejoint le Conseil de l’Europe en 1950, et l’OTAN en 1952, dans un contexte de fort rapprochement avec l’Occident. Finalement ces dernières années sont marquées par un mouvement un peu inverse, avec la volonté de jouer de plus en plus un rôle de médiation entre l’est et l’ouest, le nord et le sud. Ou comment faire d’une particularité géographique un crédo géopolitique. Pas bête…

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