Joyeux anniversaire Turquie !

Ankara

Aujourd’hui la Turquie a 100 ans. Plutôt pas mal à l’échelle humaine, peu de personnes désormais ont connu sa naissance… Par contre à l’échelle d’un pays, c’est finalement étonnamment jeune.

Après des siècles de domination dans les Balkans et au Proche-Orient, l’Empire Ottoman se retrouve dans le camp des vaincus à l’issue de la Première Guerre Mondiale. Les états vainqueurs, le traité de Sèvres entre les mains, commencent à démanteler l’Empire. Mais ce n’est pas vraiment au goût de Mustapha Kemal (futur Atatürk), un général qui s’est illustré pendant la guerre en remportant contre toute attente la bataille des Dardanelles. Héros de tout un peuple, il se rebelle contre le sultanat moribond et lance un mouvement de résistance depuis la ville d’Ankara (qui à l’époque n’était qu’un modeste bourg). Habile tacticien, il va repousser les armées étrangères une par une, déposer le sultan, signer un nouveau traité à Lausanne (plus sympa que Sèvres quand même) qui définit les actuelles frontières du pays, et enfin proclamer la République de Turquie le 29 octobre 1923. Dont il sera évidemment le premier président.

Ainsi chaque 29 octobre depuis 100 ans on fait la bamboche un peu partout dans le pays. L’actuel président avait promis cette année la teuf ultime. Mais il semble avoir depuis un peu changé d’avis pour diverses raisons (notamment une petite crise de jalousie par rapport à la popularité jamais démentie d’Atatürk, mais chut), préférant à la place peaufiner une homélie populiste anti-israélienne. Qu’à cela ne tienne, si l’état s’abstient de célébrer, ce n’est pas le cas de la population.

J’ai rarement vu un aussi beau sentiment de fierté nationale porté par des millions de gens dans la rue, drapeaux à la main, chants patriotiques aux lèvres. L’émotion était palpable. J’ai voulu bien sûr aller faire un tour du côté du mausolée d’Atatürk, incontournable lors d’une visite d’Ankara. J’ai dû me contenter de le voir de loin : la foule était trop dense ! Dommage finalement que par chez nous cette fierté ait été récupérée par les fachos, et qu’il faille une victoire en coupe du monde de football pour mettre les gens dans la rue. À quand un 14 juillet avec des foules en bleu-blanc-rouge, entonnant tous en cœur la Carmagnole ? Bon au moins on a des beaux feux d’artifices… Allez, un bon anniversaire à la Turquie, que les 100 années à venir soient plus belles encore !