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Ville-monde

Istanbul → Ankara – 45 min de marche, puis 45 min de métro, puis 4 h de train

Pas simple de quitter Istanbul. Non tant sentimentalement (après tout j’y retourne dans quelques semaines) que physiquement. Il faut marcher quelques kilomètres, puis prendre un métro interminable jusqu’à l’extrémité est de la ville (si tant est que cette ville possède une extrémité), où se trouve la gare de départ du train express pour Ankara.

Comment évoquer la porte de l’Orient sans tomber dans les clichés ou les poncifs ? Istanbul est tout à la fois extraordinairement dépaysante, et terriblement familière. La ville est divisée en trois par deux larges boulevards aquatiques : le Bosphore, qui sépare l’Europe de l’Asie, et la Corne d’Or, qui sépare la ville historique (au sud) de la ville moderne (au nord).

Je logeais pour ma part dans cette dernière, à Beyoğlu, ancien district chic très cosmopolite tombé en déshérence lors du transfert de la capitale à Ankara, puis redynamisé dans les années 90. Aujourd’hui le leader incontesté de la vie nocturne stambouliote, avec par exemple deux boîtes de nuit juste au pied de mon immeuble, qui faisaient trembler les murs tous les soirs jusqu’à l’aube, ô joie. Au moins c’était calme le matin… Le cœur du quartier : le boulevard (quasi-)piéton Istiklal, plusieurs kilomètres de foule compacte de jour comme de nuit, qui conduit à la célèbre place Taksim, régulièrement baignée du sang des manifestants qui ont eu le courage d’exprimer leur opinion divergente. De part et d’autre du boulevard, des ruelles à la pente vertigineuse, bordées de petites boutiques, de cafés branchés, de kebaps tout aussi branchés (car oui ici un kebap peut être gastronomique…), et de chats par milliers. Vous avez d’ailleurs pu le voir à travers les photos : ce sont eux les véritables stars de la ville, nourris et chouchoutés par des millions d’esclaves humains à leur service.

En dépassant la vénérable tour de Galata, un panorama magique s’offre à vous en contrebas : la Corne d’Or, encombrée de bateaux et de goélands, tandis que l’autre rive dévoile une skyline grandiose de dômes et de minarets. Saisissant. Le genre de spectacle dont on se lasse difficilement. Pour traverser, un pont à deux étages : en bas, une ligne continue de restaurants de fruits de mer. Marchez d’un air résolu, sauf si vous aimez vous faire alpaguer tous les trois mètres. En haut, une ligne continue de pêcheurs amateurs. Est-ce qu’ils alimentent les restaurants juste en-dessous d’eux ? De la ligne à l’assiette…

Et vous voici enfin dans le district de Fatih, là où tout touriste qui se respecte va passer le plus clair de son temps. C’est ici que se développera Constantinople, notamment après la conquête ottomane de 1453. Un concentré de splendeur qui n’a guère d’équivalent dans le monde (à part Paris bien sûr, soyons un peu chauvin). En vrac, nous trouvons : le Palais de Topkapi, résidence des sultans pendant quatre siècles, incontournable (évidemment tellement incontournable que vous serez loin d’être le seul à le visiter) ; à côté la mythique Sainte-Sophie, église, puis mosquée, puis musée, et dorénavant re-mosquée (Atatürk doit s’en retourner dans sa tombe…) ; juste en face la fabuleuse mosquée Bleue, chef d’œuvre de l’art ottoman ; tant qu’on est dans les édifices religieux, citons notamment la mosquée Nouvelle en bord de mer et la mosquée Süleymaniye sur sa colline, les deux chefs-d’œuvre qui agrémentent le plus le panorama urbain ; le parc Gülhane, indispensable havre de verdure (ils ne sont pas si nombreux…) au pied du palais, pour une pause revitalisante loin de la foule ; pléthore de musées plus ou moins dispensables, qui coûtent malheureusement un bras pour les étrangers (un demi-bras pour les locaux), avec des tarifs parfois multipliés par 20 en quelques années (j’ai un guide de 2015, le palais de Topkapi coûtait alors 45 livres turques – aujourd’hui 950…) ; le joli marché aux épices, aux enivrantes couleurs et senteurs ; et bien sûr le gigantesque Grand Bazar, au nom parfaitement adapté, où avant de vous y aventurer il vaut mieux prévoir une bonne carte IGN, une boussole, et cela va sans dire beaucoup de cash.

Cette liste à la Prévert n’est finalement qu’un infime aperçu de ce que cette ville-monde peut vous offrir. Vous pourriez y rester une semaine comme une vie sans jamais en avoir fait le tour. Istanbul peut être irritante, oppressante, étouffante. Mais elle sait aussi merveilleusement récompenser le voyageur qui l’étreint pleinement. On se retrouve là-bas pour un thé ou deux ?

9 Comments

  1. Brian Menelet

    En tout cas, tes photos d’Istanbul, l’ancienne comme la moderne, m’ont régalées, merci pour la visite virtuelle, ça donne envie d’y faire un tour…

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