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Paradis trompeur

Turku → Mathildedal – 85 km

Et c’est re-par-tiii ! Plus de trois semaines tout de même. J’en avais presque oublié la délicieuse douleur ressentie après plusieurs heures sur une selle. En tout cas la matinée a parfaitement bien démarré : le plaisir de filer à nouveau cheveux au vent (enfin casque au vent plutôt) par une douce journée d’été, dans un pays inconnu, sur d’excellentes pistes cyclables, à travers une verte campagne fleurie. Un très léger relief, mais juste de quoi briser la monotonie. Quelques superbes maisons perdues au milieu des bois ou des champs. Je me faisais même la réflexion que tiens, j’avais peut-être découvert le Paradis des cyclistes. Aucune fausse note. Les plus madrés d’entre vous pourraient rétorquer : un peu comme la Suède où tu t’es légèrement ennuyé en somme ? Oui mais non. Ici la nature semble plus sauvage, la civilisation plus lointaine, on s’attend à tomber sur un ours en maraude à chaque virage. Je suis bel et bien au fin fond de l’Europe.

Et puis sans crier gare, je me mets à gravir une colline. Un peu raide, mais j’ai quand même franchi les Pyrénées, pas une collinette finlandaise qui va m’impressionner. Oh mais tiens, une deuxième juste après avoir redescendu la première. Oh et puis une troisième dans la foulée. Une quatrième, youpiii… Et cætera, et cætera. Jamais très hautes (point culminant à 75 mètres !), mais tellement resserrées que la descente ne sert qu’à essayer de prendre un maximum d’élan pour limiter l’effort sur la montée suivante. Éreintant ! Et pour ne rien gâcher, un bon vieux vent de face s’est levé en cours d’étape, histoire d’user encore un peu plus les cuissots. Résultat des courses : je suis arrivé à bon port épuisé comme rarement. Et après vérification (je n’avais pas regardé le relief aujourd’hui, j’étais parti du principe que la Finlande était plate…), demain sera plus ou moins pareil. On va tâcher de bien dormir !

Sinon je suis à Mathildedal, dans la région de Salo (oui oui ça se prononce comme ça s’écrit… Ne rigolez pas, c’est ici que Nokia est né, et où la dernière usine de téléphones portables d’Europe a fermé en 2012. Ville un peu sinistrée depuis, forcément… Aaah, la douce époque révolue du 3310…). C’est un ancien village sidérurgique, dont la production a cessé à la fin des années 70 (euh on produit encore des choses en Finlande ? Oui, des services, comme partout en Europe…), et qui a été transformé en une mini-zone touristique pour Finlandais (inconnu au bataillon dans tous les guides étrangers, mais extrêmement populaire ici) : quelques terrains de tennis / padel, un mini-golf (évidemment), des sentiers de rando, un lac, une marina au bord de la mer, trois restaurants, quelques boutiques d’artisanat local, des alpagas (???), des vieilles maisons historiques, des beaux arbres, du silence. A priori cela suffit à attirer les foules (enfin tout est relatif). On peut même se marier dans l’ancienne forge. Si le Paradis n’est pas sur la route, il est peut-être au bout du chemin.

2 Comments

  1. P'pa

    Pour l’élan, c’est un peu comme les cerfs, tu n’en croise pas à chaque détour de route… Et puis les alpagas c’est mignon.

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