Halmstad → Varberg – 90 km
Avant que le christianisme ne s’impose bon gré mal gré dans toute l’Europe du nord, une foisonnante mythologie polythéiste régnait ici. Or nous sommes plutôt familiers de la mythologie égyptienne, grecque, ou encore romaine (grecque-bis), puisque étudiées à l’école, mais nettement moins de la nordique. Alors certes ces derniers temps elle a été mise un peu plus à l’honneur pour le grand public, à travers des films ou des jeux vidéo, mais le panthéon y est édulcoré et les mythes simplistes, on se contente souvent de bagarres entre Thor, Odin ou Loki. Tiens, connaissez-vous Tyr par exemple ?
Dieu très ancien, son domaine de compétences regroupe le ciel, la guerre juste (j’imagine qu’une guerre est juste lorsque toutes les parties impliquées sont d’accord pour se mettre sur la tronche, et que ça ne peut pas simplement se régler par un bras de fer), la justice, la victoire et la stratégie. Demande pas mal de taf tout ça. Un dieu majeur donc, dont l’influence diminuera progressivement au profit d’Odin et Thor notamment (peu de traces de lui dans les mythes qui nous sont parvenus). Mais aussi un dieu estropié. Car oui, dans la mythologie nordique, les dieux sont tout sauf immortels : certes ils ne vieillissent pas vraiment, mais il ressentent la douleur, et peuvent à l’occasion se faire tuer (bon ils restent malgré tout très, très résistants, pas sûr qu’un char d’assaut suffise contre Odin…).
S’il y a bien un truc qui fait flipper les dieux, c’est le Ragnarök, la fin des temps, où humains et dieux périront presque tous sans exception. Une prophétie raconte que c’est un loup gigantesque qui débutera le cataclysme en dévorant le soleil. Bon c’est techniquement assez compliqué, mais passons, s’il fallait rendre les légendes réalistes elles seraient moins amusantes. Or Fenrir, le fils de Loki, s’avère justement être un loup (cherchez pas avec le réalisme on a dit…), et commence à grandir démesurément. Plus personne n’ose l’approcher, sauf Tyr, qui continue gentiment de le nourrir, même pas peur. Les dieux se disent alors qu’il est peut-être temps d’enchaîner Fenrir, après tout un loup attaché ne peut pas manger le soleil. Mais les deux premières chaînes forgées ne font pas trois secondes, les dieux ayant mis au défi Fenrir d’essayer de s’échapper s’il en était capable (oui le « même pas cap » ça marche aussi avec les loups apparemment). Il va donc falloir faire appel aux nains, les forgerons les plus qualifiés du coin : ils réussissent à fabriquent un ruban magique censément indestructible, Gleipnir. Autant vous dire que ça aura coûté les yeux de la tête. Sauf que Fenrir n’étant pas né de la dernière pluie, il se dit que ça pue un peu ce ruban, et il ne fait pas confiance aux dieux pour lui retirer ensuite (pas bête le loup). Alors il propose un marché : il accepte de tester le ruban, à condition qu’un imbécile brave mette la main dans sa gueule en guise de bonne foi. Eh bien croyez-le ou non, mais Tyr accepte ! Bien sûr Gleipnir fonctionne à merveille, et plus le loup se débat, plus le ruban se resserre. Il est ensuite solidement fixé au sol, échec pour Fenrir (pas mat, car on ne peut pas lutter contre une prophétie, le Ragnarök aura bien lieu, et Fenrir mangera Odin !). Tous les dieux sont ravis, sauf Tyr qui a perdu sa main. Ce qui sera par la suite sujet de nombreuses moqueries de la part des autres dieux. Fin de l’histoire. Il n’y a pas vraiment de morale. Ne laissez pas traîner vos mains n’importe où ? Brave un jour, paria toujours ? Ou encore le sacrifice peut être nécessaire pour garantir l’ordre et la justice, notions importantes dans la société nordique. À méditer.


