Le peuple caché

Ängelholm → Halmstad – 70 km

Partons aujourd’hui à la découverte d’une sympathique créature mythologique locale, le huldre. Avec un peu de chance nous verrons même des traces de passage.

Un jour Dieu se rendit au chalet d’une femme en train de laver ses enfants. Sauf que le gars se pointe à l’improviste, et qu’elle n’avait malheureusement pas terminé. Prise d’une profonde honte devant ses enfants à moitié crados, elle décida de les cacher. La connerie (tiens ce serait marrant d’ailleurs un conte catholique où c’est un homme qui déconne et pas une femme…). Parce que Dieu, qui évidemment voit et sait tout, mais n’est pas réputé pour être particulièrement sympatoche, ordonna que ces enfants demeurent cachés au reste du monde. Ce furent donc les premiers huldres. Alors bien sûr dans les légendes on ne s’embête jamais trop avec la génétique, pas grave si quelques frères et sœurs sont à l’origine de tout un peuple…

Les huldres ressemblent physiquement aux humains, mais peuvent devenir invisible à volonté, pratique. Ils sont parfois un peu malicieux, et ils peuvent se vexer si on leur manque de respect, mais ce sont plutôt de bons bougres. Si on s’intéresse généralement assez peu aux mâles huldres (les huldu), les légendes s’articulent plutôt autour des femmes, les huldras. Celles-ci sont évidemment particulièrement sexy, et ont tendance à vouloir séduire du jeune pâtre à tour de bras. Le seul moyen de reconnaître une huldra (si ce n’est que lorsque l’on garde son troupeau au milieu de nulle part, voir débarquer une jeune fille sexy à moitié nue devrait mettre la puce à l’oreille, mais bon…), c’est qu’elle possède une queue de renard (ou de vache, c’est selon), qu’elle a évidemment tendance à cacher. Mais si l’on passe outre cette petite spécificité, les huldras font généralement d’excellentes épouses et mères.

Petite tradition aujourd’hui étonnamment disparue : à la construction de sa maison, pour être sûr de ne pas être par mégarde en plein sur une tanière souterraine de huldres (parce que là c’est un coup à ce qu’ils viennent squatter, et vas-y qu’après ça vole du bétail et des bijoux…), il suffisait de passer une nuit à l’emplacement prévu, avec ses outils. Si au réveil les outils sont éparpillés, et que les rêves n’ont pas été très agréables, c’est mort, il faut trouver un autre terrain !

Bon écoutez malheureusement pas de traces aujourd’hui, il y avait là normalement une tanière, mais ils ont dû déménager. Pas grave, venez, un petit détour par la rivière devrait nous conduire tout droit à un näcken. Vous ne pourrez pas le louper : il s’agit d’un homme nu jouant du violon au milieu de l’eau. Attention, ne cherchez surtout pas à le rejoindre !