Cienfuegos → Playa Girón – 1 h 30 de taxi collectif (enfin pas vraiment collectif puisque j’étais seul la plupart du temps)
Dernier spot avant l’arrivée des copains : Playa Girón, un haut lieu de la plongée à Cuba, où un magnifique tombant attend les amateurs de bulles à quelques mètres de la plage, même pas besoin de bateau ! Mais avant de parler poissons, continuons notre petit état des lieux assez peu réjouissant de Cuba en 2025. Entendons-nous bien d’ailleurs : je suis loin de me plaindre de mes conditions de voyage ! Je mange à ma faim, j’ai un toit pour dormir, et je suis en mesure de recharger chaque jour mon téléphone, je n’ai guère besoin de plus. Mais tout vadrouilleur avec un minimum d’empathie ne peut pas se résoudre à simplement faire abstraction des problèmes que rencontre chaque Cubain au quotidien.
Problème numéro 3 : les transports. Comme évoqué hier, il n’y a guère de combustible sur l’île. Les voitures électriques ? Ah ah. Déjà c’est terriblement cher. Et puis il n’y a pas vraiment d’électricité non plus alors… Ce matin, mon taxi collectif a dû faire le tour des stations services de Cienfuegos, toutes vides, avant de se résoudre à piocher dans sa réserve. Embargo oblige, il n’est pas vraiment envisageable d’acheter un véhicule neuf, à moins de détourner de l’argent d’une manière ou d’une autre. Il faut donc faire avec ce qu’il y a déjà sur l’île. Rien ne se jette, tout se répare. Le gouvernement français râle parce qu’un spot publicitaire de l’Ademe vante l’économie circulaire ? Ça ferait doucement marrer un Cubain. Alors bien sûr le touriste se pâme devant la vieille Chevrolet des années 50 astiquée comme un sou neuf. Mais les locaux n’ont d’autre choix que de monter dedans et de prier pour qu’elle arrive à bon port. Les bus « touristiques » ne sont pas si pires, mais ils sont absolument hors-de-prix pour un Cubain. Quant aux bus « abordables », ce sont des espèces de camions bondés et terriblement lents. Les routes sont dans un état assez variable. Entre La Havane et Varadero, la principale station balnéaire, on trouve de la belle 4 voies fraîchement asphaltée. Mais pour ce qui est de la route principale qui permet de rejoindre l’Oriente, et Santiago notamment (la deuxième ville du pays pour rappel), on est plus au niveau d’une communale défoncée du fin fond de la Creuse. À la différence qu’elle fait 800 km de long.
Problème numéro 4 : tout le reste. Impossible de tout détailler. Mais on en apprend de belles chaque jour. Par exemple à Playa Girón on peut manger de la tortue marine. Bah quoi, c’est un poisson comme un autre nan ? Va expliquer que non à des gens qui crèvent la dalle (c’est officiellement interdit bien sûr, mais bon…). Le salaire d’un travailleur honnête lui permet à peine d’acheter suffisamment de riz, quelques œufs et un vague morceau de poulet pour nourrir sa famille. Alors il lui faut faire un deuxième job. Plus un troisième informel. J’évoquais hier que les casas s’en tiraient mieux. Oui et non. J’ai bêtement réservé celles-ci via Airbnb, l’un des rares sites d’hébergement pas bloqué à Cuba. Sauf que Airbnb, c’est une entreprise étasunienne. Et pour qu’un Cubain puisse toucher réellement ce que la plate-forme lui doit, c’est la croix et la bannière, impliquant généralement la présence d’un parent à l’étranger qui se charge de récupérer le flouze, après plusieurs mois et largement amputé de diverses taxes. Au moins, quand on prend le petit déjeuner sur place, c’est directement mano a mano. En attendant, le voyageur que je suis se voit fortement sollicité en arpentant les rues des villes, d’autant plus que les touristes se font particulièrement rares. J’avais évoqué à mon arrivée qu’il n’y avait pas vraiment de mendicité, la fierté cubaine faisant que même le plus démuni des démunis va se débrouiller pour échanger quelque chose, ne serait-ce que son histoire. Je maintiens cela, car je n’ai effectivement vu personne attendre sagement à un coin de rue avec une pancarte. Le solliciteur se doit d’être actif. Mais sachez que si un Cubain vient vous aborder dans la rue, ce n’est malheureusement pas (plus ?) pour le plaisir. Alors soit on donne, soit on fuit. Mais ces rencontres laissent dans tous les cas un goût amer, les larmes ne sont jamais très loin. C’est difficile, très difficile. Ce sont ces mots qui reviennent le plus souvent. Ils sonnent malheureusement juste. Pas de chiqué ici. Simplement de la survie.
Donc, pas un pays pour âmes sensibles ! On rencontre chez nous des gens qui avaient projeté un voyage à Cuba…et ils vont ailleurs en fonction des commentaires entendus ça et là !
Terrible ! C’est un euphémisme mais il n’y a que ce mot qui me vient …
On vit dans un monde de privilégié et on ne s’en rend pas compte.
On s’en rend compte quand on va voir ailleurs ! :p
Pas certain que tous les voyageurs s’en rendent compte…
Pas les voyageurs du Club Med, c’est sûr !