Playa Girón
Deux petites plongées aujourd’hui dans la célèbre Baie des Cochons. Alors évidemment, après le Belize et ses requins, la comparaison n’est pas à l’avantage de Cuba : dans un pays où la faim n’est pas étrangère à ses habitants, tous les poissons représentent une source bienvenue de protéines. En revanche, le corail est plutôt en forme : moins de touristes, donc moins de piétinement, moins de crème solaire…
Mais bref, après avoir détaillé quelques-uns des problèmes que rencontre actuellement la grande île, il me paraît désormais juste d’expliquer pourquoi, malgré tout, vous devez à tout prix venir visiter cet incroyable pays.
Parce que c’est beau. À moins de ne jurer que par le clinquant et le neuf, difficile de ne pas succomber au charme suranné de Cuba. Tout ici raconte une histoire, maisons, voitures, meubles, chaque chose est lustrée, a connu mille réparations, et proclame fièrement à la face de la société de consommation : cours toujours avec ton obsolescence programmée ! Tout cela s’accordant bien sûr magnifiquement avec une nature luxuriante, une mer azuréenne et un ciel parfaitement moutonnant.
Parce que c’est calme. À moins d’aimer vivre au-dessus du périph’ parisien ou au bout de la piste d’atterrissage d’un aéroport, bercé par le doux ronronnement des moteurs, difficile de ne pas apprécier la parenthèse enchantée de tranquillité qu’offre Cuba. Dans quel autre pays peut-on marcher au milieu de la plupart des routes et n’être dérangé que par un éventuel cycliste de passage ? Qui peut encore se targuer d’être tiré de sa sieste par le « cataclop » des sabots d’un cheval tirant sa charrette sur les pavés patinés de la chaussée ? Ici, on dort d’un sommeil réparateur.
Parce que ce n’est vraiment pas cher. À moins d’aimer flamber dans les casinos de Vegas ou de ne trouver son compte que dans les resorts de Dubaï, difficile de se plaindre de l’actuel coût de la vie à Cuba. Pour un étranger en possession de devises fortes j’entends. Car si pour les Cubains c’est la misère, pour le touriste qui réussit à récupérer des pesos à un bon taux au marché noir, c’est le jackpot. J’imagine que vous ne mangez pas des langoustes au restaurant tous les quatre matins ? Eh bien ici, si vous aimez ça bien sûr, une belle grosse langouste grillée accompagnée de riz et de salade vous coûtera environ 2 000 pesos, soit 5 €. Vous n’avez plus qu’à rajouter 1 € pour l’assortir d’une piña colada et être le plus heureux des hommes.
Parce que c’est safe. À moins d’aimer vivre dangereusement et de ne s’amuser qu’en traversant les favelas de Rio, difficile de ne pas profiter de la relative sécurité qu’offre Cuba par rapport au reste de l’Amérique Latine. Par exemple en tant que voyageur solo, la plage représente souvent un défi, car y laisser ses affaires pendant que l’on va faire trempette n’est pas vraiment envisageable, sauf à ne pas tenir à ses affaires bien sûr. Or à Playa Girón, aucun problème : absolument toute la plage va veiller sur ton sac, il ne s’agirait pas que tu sois mécontent du lieu et que tu fasses de la mauvaise publicité, le tourisme étant vital pour l’île. Les vols restent malgré tout possibles dans les grosses villes (comme partout dans le monde), mais ils sont relativement rares, et je pense que si on surprend un voleur et qu’on l’expose à la vindicte populaire, il se fait lyncher dans la seconde. On ne touche pas aux touristes on a dit !
Parce que les Cubains. À moins d’être un misanthrope patenté et de haïr la terre entière, difficile de ne pas tomber amoureux de tous les Cubains sans exception. Depuis deux semaines que j’arpente l’île, je ne crois pas avoir jamais été mal reçu quelque part. Au pire avec indifférence. Mais la plupart du temps, malgré toutes les difficultés qu’ils peuvent rencontrer au quotidien, c’est grand sourire et volonté de tout faire pour nous être agréable, en particulier dans les casas où je loge (c’est d’ailleurs souvent difficile de choisir sur Airbnb, car généralement tous les commentaires sont dithyrambiques). Sans servilité pour autant je précise. Les Cubains semblent juste naturellement de bonne composition, que ce soit entre eux ou avec les étrangers. Ça se salue dans la rue, ça s’interpelle gaiement, ça lance quelques boutades. On a parfois l’impression qu’ils se connaissent absolument tous, et sont tous potes. Même en ville. Encore plus à la campagne. Pour voyager à Cuba, tu as simplement besoin d’un premier contact. Ensuite, tu n’as plus qu’à te laisser porter.
Je pourrais continuer, mais il faut bien garder quelques surprises au cas où vous vous décideriez à venir découvrir cet étonnant pays, une sorte de survivant miraculé d’une époque disparue, le « bon vieux temps » idéalisé qui se serait incarné ici. Pour qui sait voir au-delà des coupures d’électricité et des défaillances d’internet bien sûr. Viendez !
Ah ben ça fait du bien de lire cet article.
Donc finalement, ce sont les difficultés qui rendent l’homme meilleur ??
Ah de toute façon j’ai toujours dit que la chaleur de l’accueil était inversement proportionnel au niveau de vie !