San Pedro Sula → Livingston (via Puerto Cortés, Corinto et Puerto Barrios) – Environ 6 h 30, trois bus et une barque
Chouette petite épopée entre San Pedro Sula (Honduras) et Livingston (Guatemala), avec quelques changements de bus, une paire de barrages policiers, une frontière à traverser à pied, et un coup de lancha sur une mer agitée pour finir. Mais finalement, rien que du très classique (quand on a un peu d’entraînement tout de même), même pas une petite anecdote à se mettre sous le coude. L’occasion de reprendre l’histoire du Guatemala là où on l’avait laissée, oui ça remonte à un petit moment déjà…
Nous nous étions arrêtés à la bienheureuse décennie progressiste 1944-1954, période durant laquelle le président Juan José Arévalo et son successeur Jacobo Árbenz œuvrent massivement pour le bien du peuple guatémaltèque, ce qui, il faut le dire, n’était jamais arrivé auparavant. Sauf que ce faisant, ils provoquent l’ire d’Oncle Sam, alias « le Bienveillant », qui ne peut désormais plus s’engraisser comme il le souhaite sur le dos de ses esclaves honnêtes travailleurs, zut alors. Les États-Unis montent donc dans le plus grand secret l’opération PBSUCCESS, plutôt habilement menée avouons-le. Pour résumer : la CIA entraîne des troupes d’exilés guatémaltèques au Honduras et au Nicaragua, et lance en parallèle une radio de propagande anti-Árbenz ; puis en juin 54, le lieutenant-colonel Carlos Castillo pénètre au Guatemala avec ses troupes entraînées par la CIA, tout en s’arrêtant à quelques kilomètres de la frontière, histoire que l’on n’aille surtout pas s’imaginer qu’il s’agit d’une intervention extérieure, non mais rien à voir ; des B-52 américains sans pavillon en profitent pour bombarder quelques infrastructures critiques ; enfin les généraux de l’armée guatémaltèque, achetés depuis belle lurette pour quelques dollars, annoncent leur refus d’attaquer les troupes de Castillo. Árbenz a le choix entre risquer une guerre civile en armant une milice, ou bien démissionner. Il aime trop son pays, le choix est donc vite fait. Castillo s’empare du pouvoir, exécute quelques milliers d’opposants pour faire bonne mesure, et restitue à la glorieuse United Fruit Company les terres en friche qu’elle avait été contrainte de céder aux paysans guatémaltèques. Allez, retour au boulot les feignasses, vous avez eu droit de rêver un peu pendant 10 ans, maintenant fini les conneries !
Finalement, le Guatemala va quand même bel et bien avoir droit à sa guerre civile. Tandis que l’armée renforce son emprise sur le pays, quelques sous-officiers font sécession à partir de 1960, et se réfugient dans la jungle. Ce sera le début de 36 années (!!!) de conflit sanglant, entre guérilla d’extrême-gauche et milices d’extrême-droite soutenues par le gouvernement. Un classique. Bien sûr l’immense majorité des exactions sont commises par les milices ou l’armée. Au total, on parle de 200 000 morts ou « disparus », un million de déplacés internes, 440 villages autochtones rasés… À noter que 80 % des victimes sont d’origine indigène. Oui car la petite particularité de la guerre civile guatémaltèque, c’est qu’en plus d’être idéologique, elle est profondément raciste : depuis toujours, l’élite dominante flippe de voir une population maya largement majoritaire accéder à une pleine citoyenneté…
À partir de 1986, la situation politique s’améliore progressivement, et le Guatemala va à nouveau ressembler à une démocratie, malgré quelques récurrentes tentatives de coups d’états. Et un traité de paix met officiellement fin à la guerre civile en 1996. Mais pour ce qui est de l’amélioration de la situation de la population (notamment indigène), on est encore très (très) loin du compte, avec un taux de pauvreté proche de 60 %, alors que le pays est la première économie d’Amérique Centrale (oui, vous vous en doutez, l’indice de Gini n’est pas terrible terrible…). Plutôt indécent. Allez, on va dire qu’au moins ils n’ont pas trop de problèmes avec le narcotrafic.
















Pourquoi prie t’on partout ? Pas moyen de vivre sans dieu !
C’est pratique un Dieu, on peut le blâmer quand ça ne va pas, et le louer quand ça va !
Où en est la saison des pluies ?
Elle est surtout forte dans les montagnes, c’est pour ça que je traîne du côté Caraïbes, les ouragans n’arrivent que fin août ! Finalement j’aurai plutôt évité le pire, bien calculé ! 🙂