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Salsa Brava

Puerto Viejo

Il y a ne serait-ce que quarante ans, rejoindre Puerto Viejo depuis San José relevait de l’aventure, via des jeeps cahotantes sur une piste défoncée. Pourquoi y aller dans ce cas ? Pour la Salsa Brava, ou « sauce épicée », une vague mythique réservée aux surfeurs aguerris. Entre décembre et janvier, quand les conditions sont là, c’est un véritable mur d’eau de huit mètres qui s’élève brutalement dans une petite anse jouxtant le village, avant de retomber sous la forme d’un tube parfait. Si vous la surfez proprement, vous entrez dans la légende. Si vous vous loupez, eh bien… Disons que les chances de briser vos os ou a minima votre planche ne sont pas négligeables, car la vague termine sa course sur un récif affleurant particulièrement tranchant. Son petit surnom : la râpe à fromages… Le soir venu, les héros du jour enchaînaient bières et joints avec les sympathiques locaux autour d’un feu de camp, sur de lancinants airs de reggae, avant de s’endormir sur la plage. Tandis que ceux qui surestimaient leurs talents repartaient en urgence à l’hôpital (et en l’occurrence il valait tout de même mieux que ce ne soit pas trop urgent).

Quarante ans plus tard, une belle route asphaltée permet de rejoindre Puerto Viejo depuis la capitale en 4 h 30. Et les bus sont plutôt ponctuels, déversant chaque heure leurs cargaisons de touristes. Des hôtels rustiques « de charme » ont fleuri un peu partout (l’idée étant de facturer une blinde une cabane au toit de tôle à des Américains naïfs en quête d’une « vie plus simple au plus près de la nature »), même si j’ai pu encore apercevoir une ou deux tentes sur la plage, il y a toujours quelques puristes. Les bars sont devenus légions, mais les tarifs sont prohibitifs, pour enchaîner les bières mieux vaut aller faire le plein à la supérette. Quelques odeurs suspectes me font dire que les joints n’ont pas complètement disparu de la circulation. Un puissant reggae sort toujours des enceintes. Plutôt des années 80-90 d’ailleurs, on n’a pas fait mieux depuis. Et la Salsa Brava est fidèle à son poste. L’avantage, c’est qu’on rejoint désormais plus rapidement l’hôpital.

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