Carthagène des Indes
Le coefficient de Gini, ça vous parle ? C’est un indice compris entre 0 et 1, permettant de mesurer le degré d’inégalité des revenus au sein d’un pays. À 0, tout le monde gagne la même chose. À 1, une seule personne possède tout, et les autres n’ont rien. Par exemple en France, il est de 0.307, ce qui est bien, mais pas top. En Slovaquie, il est de 0.232, ce qui est top (il n’y a pas mieux…). Aux États-Unis, il est de 0.4, ce qui est moisi pour un pays soi-disant développé. Et en Colombie, il est de 0.515, ce qui place le pays à la 9ème pire place, juste derrière le Brésil avec 0.529. La première place est occupée par l’Afrique du Sud (0.63), qui truste le haut du classement depuis une vingtaine d’années…
Cette petite introduction numérique pour expliquer que globalement, l’Amérique du Sud est le continent le plus inégalitaire au monde. Les « meilleurs » pays de la région (façon de parler, puisqu’ils ne sont qu’aux 119ème et 120ème places) sont le Salvador, où l’actuel dictateur a mis la moitié de la population en prison pour une durée indéterminée afin de régler les gros problèmes d’insécurité du pays ; et le Venezuela, où l’actuel dictateur refuse de quitter le pouvoir, ne tolérant aucune opposition politique, et ayant poussé à l’exil des millions de ses compatriotes. Moins inégalitaires certes, mais avec d’autres petits soucis… Alors tout de même, la pauvreté continentale a fortement baissé depuis les années 90, passant de 50% (!!!) à 30% (oui bon, ce n’est pas encore la teuf non plus…), mais les inégalités n’ont diminué qu’à la marge. À noter que la pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses sur le continent, avec un coefficient de Gini et un taux de pauvreté qui sont repartis à la hausse dans plusieurs pays, quand dans le même temps le patrimoine des milliardaires augmentait d’une vingtaine de %. Logique.
Bien sûr ces inégalités sont flagrantes dans les villes, où l’on passe allègrement d’un quartier aisé ultra-sécurisé à un bidonville sans eau courante. Mais surtout, et c’est une jolie particularité continentale, elles varient considérablement selon « la condition ethnique et raciale ». Par exemple en Colombie, la pauvreté frappe 35 % de la population ni indigène ni afro-descendante, 48 % de la population afro-descendante et 64 % de la population indigène. Tout à l’heure, en arpentant le quartier de Castillogrande, plutôt aisé (immeubles cossus en front de mer), je n’y ai guère croisé que deux blacks : l’un vendait des glaces en poussant son petit chariot ; l’autre promenait 4 chiens à la place de leurs maîtres peu intéressés par la chose.
Le problème c’est que la chose ne date pas d’hier, les pyramides raciales ayant été profondément ancrées dans les mœurs durant les trois siècles de colonisation. Et si depuis le XIXème siècle les choses ont fini par évoluer sur le papier, dans la pratique rien n’a vraiment changé, puisque la fortune initiale des colons blancs vient de l’accaparement des terres au détriment des populations locales, sans parler des esclaves. Quelques politiques sociales ont bien tenté de voir le jour, mais il faudrait pour les budgétiser augmenter fortement les recettes fiscales, qui sont ici parmi les plus faibles du monde, notamment sur les successions. Or cette augmentation n’intéresse guère la classe dominante, qui détient de manière générale les richesses et le pouvoir. Un changement est-il encore possible ? On ne peut que l’espérer, à défaut d’y croire.






















Ohhhhh des couleurs et du soleil ! 😭
On sent un certain manque… :'(
Des couleurs, du soleil et des inégalités 😭
Le tout va souvent de pair…