Medellín → Carthagène des Indes – 1 h 15 de vol
Pour à peu près le même prix, j’avais le choix entre 15 heures de bus ou une grosse heure de vol. Bon… L’occasion de reprendre notre passionnante leçon d’histoire colombienne où nous l’avions laissé.
Rappelez-vous, en 1819 la Nouvelle-Grenade vient d’obtenir son indépendance, devenant ainsi la Grande Colombie. Les deux principaux artisans de cette émancipation, Simón Bolívar et Francisco de Paula Santander, deviendront respectivement les premiers président et vice-président du jeune pays. Le problème, c’est que ceux-ci ont des visions politiques assez opposées : le premier est partisan d’un état centralisé et catholique ; le second prône un état plus fédéral et laïc. Si de leur vivant ça ne dégénère pas trop, leurs partisans créeront dès le milieu du XIXème siècle les deux organisations qui régenteront toute la vie politique de la Colombie jusqu’à nos jours, le parti conservateur et le parti libéral.
Ils passeront globalement les cinquante années suivantes à se mettre sur la tronche, avec diverses guerres civiles, plusieurs noms de pays (République de Nouvelle-Grenade, Confédération grenadine, États-Unis de Colombie, République de Colombie – le nom actuel), moult formes de gouvernements, pléthores de constitutions et de réformes… Je vous passe les détails, c’est un peu long pour le format de ce blog. Le siècle se termine par un énième conflit interne, la Guerre des Mille Jours, entre 1899 et 1902, avec des conséquences absolument désastreuses pour le pays, notamment la sécession du Panama. Car oui, je ne l’ai pas précisé, mais la Grande Colombie historique contenait, en plus de l’actuelle Colombie, le Venezuela, l’Équateur et le Panama. Si les deux premiers se sont barrés assez vite, le dernier est resté fidèle un peu plus longtemps…
Étonnamment, histoire de ne pas faire comme tout le monde, toute la première moitié du XXème siècle est plutôt tranquille. Enfin à l’échelle colombienne j’entends… Les conservateurs monopolisent le pouvoir les 28 premières années après les Mille Jours, puis les libéraux les 16 suivantes (le mandat présidentiel durant 4 ans). Mais en avril 1948, alors que les conservateurs avaient par opportunisme repris la main deux ans auparavant, le candidat libéral Jorge Eliécer Gaitán, populiste, populaire et grand favori des sondages, est assassiné devant son bureau. Bon, eh ben c’est reparti pour une nouvelle guerre civile, celle-ci étant surnommée La Violencia, c’est tout dire. 300 000 morts plus tard, le général Pinilla décide de prendre le pouvoir par la force en 1953 histoire de mettre fin au bain de sang. Tiens, on n’avait pas encore eu droit au coup d’état militaire dis donc !
Pinilla, qui ne devait rester que quelques mois à la tête de l’État, se dit que finalement il n’y est pas si mal. Étonnant. Il a même l’outrecuidance de fonder son propre parti ! Alors l’impensable se produit : conservateurs et libéraux s’allient pour le chasser du pouvoir, et décident que dorénavant ils règneront en alternance, un mandat chacun, les ministres étant partagés équitablement… Ainsi après plus d’un siècle de conflits meurtriers, les Colombiens réalisent que finalement, conservateurs, libéraux, c’est bonnet blanc et blanc bonnet ! Fin de l’histoire ? Naïfs que vous êtes. C’est maintenant que guérillas et narcos entrent en scène.
Je vous avais dit que c’était haletant ! La suite au prochain épisode.


























De la couleur encore de la couleur.
Les marchands de peinture sont des notables ici…
De mieux en mieux…ça va tes yeux ?
Ils brûlent un peu…