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Un peu d’histoire colombienne

Salento → Jardín – 4 h 30 puis 3 de bus

Une longue journée de bus, 7 h 30 de trajet pour parcourir 200 km, raisonnable. Il est donc temps de se plonger dans la tragique histoire colombienne, peut-être la plus tourmentée d’un continent spécialisé dans les histoires compliquées.

Tout commence comme souvent avec diverses civilisations précolombiennes. Toujours surprenant d’ailleurs de désigner ces dernières avec le nom de celui qui aura été à la source de leur fin prématurée… En tout cas dans le coin, elles ont laissé à la postérité quelques vestiges archéologiques plutôt intéressants : des milliers d’étranges statues à San Augustin, de mystérieux tumulus à Tierradentro, et même une cité perdue au milieu de la Sierra Nevada de Santa Marta. Et si les deux premières civilisations ont complètement disparu (bien avant l’arrivée des Européens en l’occurrence), les descendants de la troisième font aujourd’hui visiter aux touristes les ruines de leurs ancêtres enfouies au milieu de la jungle…

En 1499, c’est Alonso de Ojeda qui aborde le premier le territoire de l’actuelle Colombie, depuis l’extrême nord. Il est accompagné d’Amerigo Vespucci, dont le prénom passera à la postérité grâce au récit de ses aventures, la classe. Les conquistadors suivent quelques années plus tard, fondant les premières villes, et pillant les premières tombes de caciques. Le début du XVIème sera globalement un joyeux bordel, sans autorité centrale, chacun y allant de sa micro-dictature. Mais à partir de 1550, la couronne espagnole fonde le Royaume de Nouvelle-Grenade, ce qui permettra d’industrialiser légalement l’exploitation des indigènes. Alors pas très longtemps malheureusement, car ces derniers meurent vite, à coup de nouvelles maladies et de travail forcé. En particulier dans l’ouest du pays, où des rivières aurifères sont découvertes (il a bien fallu se résoudre à orpailler après avoir consciencieusement dépouillé tombes et villages de la moindre once du précieux métal).

Le royaume est officiellement régi par le système de l’encomienda : en échange de son travail bénévole, l’indigène reçoit une précieuse éducation religieuse, indispensable pour lui assurer une place au Paradis avant qu’il ne décède d’épuisement et de malnutrition, si ça c’est pas un bon deal ! Bien sûr s’il manifeste son mécontentement, l’encomendoro est autorisé à le tuer. Quant au début du XVIIème siècle la main-d’œuvre gratuite commence à manquer, on fait venir des esclaves africains, qui sont finalement mieux traités, car ils coûtent relativement cher à l’achat…

Il est important aussi de noter que si sur les cartes la Nouvelle-Grenade forme un beau bloc uni, en pratique c’est loin d’être le cas : la topographie particulièrement complexe de la Colombie ne facilite pas vraiment les échanges, et faute d’un réseau routier suffisant, les contacts entre les différentes provinces sont au mieux sporadiques, au pire inexistants.

En 1700, les Bourbons succèdent aux Habsbourg sur le trône d’Espagne, et le Royaume de Nouvelle-Grenade devient la Vice-Royauté de Nouvelle-Grenade. Alors ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est un réel changement de paradigme : alors qu’elle était en théorie l’égale des autres provinces espagnoles, la Nouvelle-Grenade devient peu ou prou une colonie, donc taxable à loisir. Et cela va faire légèrement grogner les élites locales, qui commencent à se dire qu’elles ne seraient peut-être pas plus mal sans un lointain et pénible chaperon.

Il faudra encore un bon siècle avant que l’idée ne se concrétise. Mais en 1811, alors que l’Espagne se débat toujours avec les guerres napoléoniennes, quelques premières provinces colombiennes déclarent leur indépendance. Évidemment la couronne ne l’entend pas vraiment ainsi, elle débarque en force sur le continent, reprend le contrôle des provinces rebelles, et exécute à tour de bras. Mais le mouvement était lancé, les rebelles se re-rebellent, et après moult batailles sanglantes, finissent par porter le coup final aux armées royalistes à Bogota le 10 août 1819. RIP la Nouvelle-Grenade, et bienvenue à la Grande Colombie !

La suite au prochain épisode…

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