Puerto Baquerizo Moreno
Des quatre îles actuellement habitées des Galápagos, seule Floreana ne fera pas l’objet d’une visite. Je me propose néanmoins de vous relater son intrigante histoire. De taille modeste, relativement plate, et détentrice d’une précieuse source d’eau douce, l’île a de beaux atouts, et va faire l’objet de diverses tentatives infructueuses de colonisation.
Le premier occupant officiel des Galápagos (après l’ère des pirates) est Patrick Watkins, un navigateur irlandais échoué à Floreana en 1805, sur laquelle il réussit à vivre seul durant près de 4 ans, en chassant, cultivant un potager, et troquant avec quelques baleiniers de passage. Un vrai Crusoé. Il finit par voler une chaloupe à l’un de ces baleiniers, en motivant 5 des marins à le suivre. Il réussit à atteindre le continent quelques semaines plus tard, seul survivant de la chaloupe, tiens donc…
En 1832, l’archipel est officiellement annexé par l’Équateur, et le général José de Villamil est nommé Gouverneur Général. Mais sous son sévère uniforme militaire se cache un baba cool dans l’âme : il entreprend de créer une utopie à Floreana, où il fonde l’Asilo de la Paz (l’asile de la paix), une colonie composée de détenus condamnés à l’exil et de colons motivés. Après tout de même une dizaine d’années, l’expérience finit par tourner court faute de véritable entente entre les résidents, et Villamil se voit contraint de regagner le continent la queue entre les jambes.
En 1925, une dizaine de colons norvégiens débarquent dans le coin, car étrangement dans leur pays une publicité vantait les mérites de cet archipel du bout du monde, soleil toute l’année et eaux poissonneuses. Les colons se voyaient déjà développer une industrie baleinière. Ils ne tiendront pas deux ans.
Mais l’histoire la plus étonnante débute peu après. Un dentiste allemand, Friedrich Ritter s’installe à Floreana (alors totalement déserte) en 1929 avec son amante, qu’il a réussi à convaincre de tout quitter pour le suivre. Lui rêve d’une vie plus simple, au contact de la nature. Leur histoire est relayée par la presse occidentale, ce qui motive une famille de Köln, les Wittmer, à faire de même. Le couple et leur enfant arrivent en 1932. Madame Wittmer met au monde quelques semaines plus tard un deuxième garçon, le premier habitant natif des Galápagos. Évidemment toute cette agitation ne sied guère au sieur Ritter, qui était venu chercher ici calme et tranquillité. C’est alors que débarque une troisième petite famille, en réalité un quatuor composé d’une autrichienne excentrique se faisant appeler « Baronne », ses deux amants allemands, et un manœuvre équatorien, qui ne tardera pas à se faire la malle, bien lui en a pris. Voilà, tous les personnages sont là, la pièce peut commencer. La cohabitation ne se passe pas incroyablement bien, et c’est un euphémisme, tous étant prêts à s’écharper au moindre prétexte. Au bout d’un an et demi, la « baronne » craque la première, et décide de quitter l’île avec l’un de ses amants. Mais ceux-ci disparaissent mystérieusement sans laisser de traces. Les soupçons se portent naturellement sur le deuxième amant, mais les preuves manquent. Celui-ci décide alors de regagner le continent peu après, en compagnie d’un norvégien de passage. Mais les deux hommes disparaissent à leur tour. Leurs corps desséchés et momifiés seront retrouvés plusieurs mois plus tard sur le sable d’une petite île tout au nord de l’archipel, bien loin de la route qu’ils auraient dû emprunter. Entretemps, le docteur Ritter est lui aussi mort dans des circonstances étranges, a priori empoisonné en mangeant du poulet avarié. Son amante repart en Allemagne dans la foulée. Finalement, à l’issue de cette macabre année 1934, seule la famille Wittmer demeure sur l’île. Ses descendants y vivent toujours. Les cinq décès (ou disparitions) restent à ce jour inexpliqués.












Si même les vivants jouent aux statues…
Actor studio…
Quelle histoire ! L’enquête reste ouverte ?
Pas à ma connaissance. Mais il y a eu des films et des bouquins sur le sujet (notamment un livre de m’dame Wittmer) ! :p