Asunción
Je n’ai pas vraiment profité de cette capitale comme j’aurais dû. Déjà parce que je logeais dans le centre historique d’Asunción, et que j’y suis arrivé un samedi soir. Or jusqu’au lundi matin, celui-ci est une véritable ville fantôme. Je me suis parfois cru revenu au printemps 2020. À se demander où se cachent les deux millions et demi d’habitants (la raison est finalement plutôt simple : la vieille ville est principalement une zone de commerces et de bureaux, les gens y travaillent mais n’y vivent pas…).
Ensuite si j’ai cru un temps pouvoir faire avec un téléphone performant à moitié cassé, plus un autre très (très) poussif en dépannage, j’ai vite compris que ça allait vite me gonfler, notamment pour tout ce qui est prise de photos. Je me suis donc résolu à agir. Après avoir comme d’habitude longuement comparé les différents modèles, puis écumé les boutiques d’Encarnación et Asunción, j’ai fini par trouver mon bonheur. Beaucoup trop cher, mais quand on voyage aussi longtemps, on n’est finalement plus à ce léger détail près. Je mangerai des pâtes pendant quelques semaines.
Ainsi mon temps de visite s’en est retrouvé considérablement réduit. Suffisant néanmoins pour apprécier cette nouvelle petite capitale sud-américaine, pas incroyablement glamour, mais agréablement nonchalante et patinée par les ans. De jour, la chaleur estivale se fait écrasante, mais le parfait quadrillage des rues, souvent bordées d’arbres, permet de ne quitter que rarement l’ombre bienfaisante. Sur le pas de leur porte, ou regroupés autour d’un étal de chipas (petits pains au fromage), les locaux taillent le bout de gras, leur calebasse de maté (ou de tereré) en main, et la thermos pour la recharger jamais bien loin. La police est particulièrement présente, sans que l’on sache vraiment pourquoi, la ville paraissant on ne peut plus paisible. Peut-être justement grâce à ces uniformes me direz-vous ? Personnellement je n’ai jamais trouvé ça très apaisant… Quelques hommes d’affaires en costume pressent le pas entre deux bâtiments officiels, suant à grosses gouttes. Un camelot passe, la tête couverte de multiples chapeaux, des dizaines de ceintures à ses bras. « ¿Señor? » « ¡No, gracias! » La ville n’est pas riche, mais la misère est finalement nettement moins visible que dans les métropoles brésiliennes. Avec mon espagnol hésitant, le touriste que je suis est source de curiosité bienveillante et de sourires. Il faut dire que nous ne sommes pas nombreux ici, et je suis même plus ou moins seul dans les petits musées gratuits qui émaillent la métropole. Le soir venu, le trafic diminue, mais le chant des cigales ne faiblit qu’à peine. Le maigre éclairage ne révèle qu’avec peine les obstacles sur les trottoirs défoncés, mais la toute relative fraîcheur est la bienvenue. Un dernier verre en terrasse et au dodo. Ici, on se lève avec l’aube…
Un bouquin sur les fresques…tu dois y penser !
Ah c’est sûr que je commence à avoir de quoi faire ! Mais je n’ai pas encore croisé de Banksy ! )