Menu Fermer

Combo histoire-géo numéro 101

Encarnación → Asunción – 7 h de bus

Cela fait déjà quelques jours que je me trouve au Paraguay, et me voici en route pour Asunción, la capitale. Qui dit transit (dans un bus superbement confortable, le meilleur depuis le début de la saison 3 !) dit leçon. Un petit mot tout de même en préambule sur Encarnación, la station balnéaire sans la mer : plutôt cool.

En effet le Paraguay est le seul pays d’Amérique Latine avec la Bolivie voisine à ne pas avoir accès à l’océan (cette dernière en avait un, mais elle l’a perdu en guerroyant, ballot). Même si grâce au fleuve Paraná, le Paraguay, membre fondateur du Mercosur, est tout de même en mesure d’exporter ses produits agricoles. Il faut dire qu’avec une superficie de 400 000 km² (presque 3/4 de la France), 7 ou 8 millions d’habitants (on ne sait pas exactement en l’occurrence), un relief de plaines et de collines, plus une corruption généralisée permettant le défrichage à tour de bras, il y a pas mal de place pour cultiver du soja (3ème exportateur mondial) et faire paître un conséquent cheptel. À noter tout de même que le pays, traversé par le tropique du Capricorne, est surtout coupé en deux parties bien distinctes par la rivière Paraguay, avec à l’est la zone la plus tempérée et habitée (98% de la population pour 40% de la superficie), et à l’ouest le Chaco, une gigantesque savane semi-aride (débordant largement sur l’Argentine, le Brésil et la Bolivie) où l’homme n’est pas vraiment le bienvenu.

Côté histoire, on retrouve toutes les amusantes thématiques sud-américaines :

  • Une mosaïque de peuples autochtones installés depuis des milliers d’années, brusquement décimés et exploités avec l’arrivée des colons européens. Avec tout de même cette petite exception locale des missions Jésuites, qui vont permettre aux Guaranis de ne pas disparaître du paysage – aujourd’hui le guarani est la langue officielle du Paraguay, au même titre que l’espagnol !
  • Une indépendance (plus ou moins pacifique) en 1811, permettant la mise en place d’une dictature populiste, dirigée d’une main de fer par José Gaspar Rodríguez de Francia (puis ses successeurs). Étonnamment, José mise sur le protectionnisme et la redistribution des richesses, un coco avant l’heure. Le peuple s’en trouve très satisfait, il ne faut juste pas avoir une opinion politique divergente. Le Paraguay est alors l’un des pays les plus modernes, prospères et socialement avancés du continent.
  • Une phase de guerres avec les voisins, histoire de mettre au clair une bonne fois pour toutes les problématiques de frontières dans un continent encore majoritairement vide (de blancs, pas comme si les autochtones comptaient). D’abord la guerre de la Triple-Alliance (1864-1870), le dernier dictateur paraguayen, grand admirateur de Napopo, ayant eu la bonne idée de se mettre à dos l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay. Forcément, ça ne se termine pas bien pour lui. La belle époque est terminée, le pays est exsangue, et les gouvernements provisoires s’enchaînent. Puis la guerre du Chaco (1932-1935), contre la Bolivie cette fois, qui tournera à l’avantage du Paraguay, celui-ci s’emparant de vastes pans de ce territoire désertique et inhospitalier.
  • Une phase de dictatures militaires, la plus célèbre étant celle d’Alfredo Stroessner, de 1954 à 1989. Il va mettre au pas son pays, au nom de la lutte contre le communisme, ce qui plaît bien aux États-Unis. Nixon ira même qualifier son régime de « modèle de démocratie viable pour l’Amérique Latine ». Amusant. Durant cette période « démocratique », le trafic explose (alcool, animaux exotiques, voitures, et surtout drogue), plus d’un tiers des terres agricoles sont gentiment offertes aux officiers proches du pouvoir (le pays devenant l’un des plus inégalitaires de la planète), la torture et l’assassinat des opposants est la norme, un tiers de la population est contrainte à l’exil, et les derniers autochtones nomades sont sédentarisés de force (avec meurtres, viols et vols d’enfants à la clé). Effectivement, un modèle…
  • Mais comme toujours, tout est bien qui finit bien, avec une période moderne un poil moins dictatoriale, et le retour de la société civile au pouvoir. A priori on n’est plus que sur du régime « semi-autoritaire » ! Les défis restent néanmoins immenses pour le Paraguay, notamment dans les domaines de la lutte contre la corruption et de la réduction des inégalités. Manque de pot, ceux qui font les lois sont les plus riches et les plus corrompus. Ça n’aide guère à avancer.

2 Comments

    • Vadrouilleur

      On trouve aussi Concepción, Pilar (en référence à la Vierge du Pilier), et bien sûr des « San quelque chose » à tour de bras… Oui il semblerait qu’il y ait une forte tradition catholique dans le coin… 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *