Graus → Les Bordes (juste un camping et 2 maisons) – 60 km
Je ne peux bien sûr m’empêcher d’établir intérieurement certaines comparaisons avec mon voyage en vélo de 2019 (voir « Chroniques Européennes », en téléchargement libre sur ce blog !). Si certains points communs existent, il y a toutefois une différence fondamentale : il fait beau. Excessivement beau. C’est aujourd’hui mon 52ème jour de voyage, il a légèrement plu deux fois en soirée, je n’étais même pas dessous, et le lendemain tout était à nouveau sec. En comparaison, les deux premiers mois du précédent road-trip à travers France, Italie et Croatie s’étaient faits pour l’essentiel sous une pluie battante.
Alors évidemment en ce qui me concerne je ne vais sûrement pas m’en plaindre ! Je n’ai même pas la petite appréhension au réveil de découvrir la météo du jour, ce sera ciel bleu. Avec parfois quelques nuages qui agrémentent le tout. Mais pour l’Espagne (et le Portugal), c’est catastrophique !
Il y a ici un dicton qui dit « Abril, aguas mil ». Oui on aime bien aussi les vieux dictons météo en Espagne. Sachant que l’hiver a été plus sec que d’habitude, et que l’été 2022 a été tout simplement horrible, on comptait un peu sur ce mois d’avril. Raté. On a même battu quelques records de chaleur, avec par exemple un petit 38,7°C à Cordoue le 27 avril, correct. Et on se dirige tout droit vers un nouvel été caniculaire. Autant vous dire que ça commence à flipper sévère. Du coup on ressort les précieux Christs des sous-sols des églises, et on improvise des processions, on ne sait jamais.
Le problème c’est qu’ici 80% de l’eau douce est consommée par l’agriculture (57% en France), indispensable pour arroser le « potager de l’Europe ». Or le pays est ensoleillé, certes, mais historiquement sec. Alors sous le régime de Franco on s’est mis à construire du barrage à la pelle sur toutes les rivières d’Espagne pour créer de gigantesques réservoirs, ce qui a permis le développement de l’agriculture extensive, en donnant l’illusion d’une eau infinie. Mais à force de tirer sur la corde… En Catalogne et en Andalousie, les réservoirs ne sont plus qu’à 25% de leur capacité, et les nappes sont vides. Et ce n’est guère mieux ailleurs. Le réchauffement climatique bien sûr n’arrange rien, avec des périodes de sécheresse de plus en plus longues. L’ONU estime que 75% du pays est en voie de désertification ! 75% !!! À cela s’ajoute les risques accrus d’incendies, qui participent au réchauffement climatique, cycle infernal. Et pendant ce temps on légalise les cultures illégales de fraises dans les parcs nationaux…
Un petit aperçu de ce qui attend d’ailleurs la France si la gestion de l’eau n’est pas repensée complètement dès à présent, notamment en évitant les aberrations que sont les méga-bassines privatives pour la culture du maïs… Demain, il fera soif.

Oui, ça fait très peur pour l’avenir…..
Et dans le camping tu loues une tente ?
Non j’étais dans un « refugios », une sorte de cabane avec juste un lit (confortable) !
Pour passer les Pyrénées, tu te mets combien de cols sous la dent ? A propos, avec quelles dentures ? (je n’ai pas dit dentition !).
Juste deux, un peu plus de 2000m de D+ cumulés depuis le pied de la montagne ! Equipé avec 2 plateaux 30-46, et cassette 10 vitesses 11-34. Ca va pas trop mal jusqu’à 8-10%, après ça devient dur !
Procession religieuse ce week-end à Draguignan pour demander à dieu de nous envoyer un peu de pluie… Rien qui en m’horripile plus que ça. Si on n’a que ça comme prise de conscience, on n’est pas sorti de l’auberge !
Tu veux donc dire qu’il y aurait des solutions concrètes et qu’il n’est pas nécessaire de s’en remettre à un géant barbu sur un nuage ?
Réveillons nous… Petite je mettais sur la vitre des dessins de soleil pour le faire revenir… je sais bien aujourd’hui que faire pareil pour la pluie ne ferait rien… Informons, éduquons…
Essaye quand même, on ne sait jamais !