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Guerra

Huesca → Graus – 80 km

Pour ceux qui se poseraient la question, excellente journée aujourd’hui. Et il faut être en forme pour évoquer mon sujet du jour. Alors que l’Europe est concernée depuis maintenant plus d’un an par une « opération spéciale » cynique et injustifiée (mais quelle guerre est justifiable ?), je ne saurais quitter l’Espagne sans évoquer son effroyable guerre civile.

En arpentant les musées de Saragosse, je tombe sur une exposition sur la reconstruction d’après-guerre (vue à travers l’art), 1939-1957. Tiens, me dis-je, 39 ce n’est pas plutôt le début de la guerre ? Eh non évidemment, car l’Espagne n’a pas vraiment participé à la Seconde Guerre Mondiale, puisqu’elle venait de terminer sa propre guerre interne, initiée en 1936. Retour sur trois années qui ont marqué à jamais le pays (et l’Aragon en l’occurrence a particulièrement morflé).

Mais je peux peut-être laisser la parole à Dmitro Mevdédev, qui connaît bien le sujet : « Les Espagnols, tous des *bip* de *bip*, il faudrait les *bip* avec des *bip* pour que ces *bip* arrêtent de nous *bip* les *bip*. Allez tous vous *bip*, bande de *bip* *bip *biiiiiiip* ! »

Ok, bon, ce n’était pas forcément une bonne idée. Je vais prendre la suite.

La guerre civile espagnole va opposer deux camps : les républicains (gauche et extrême gauche) contre les nationalistes (droite et extrême droite). Jean-Luc VS Marine en gros. On pourrait d’ailleurs évoquer un troisième camp : tous les gens qui se contentaient de vivre leur vie et qui se sont retrouvés embarqués là-dedans contre leur gré.

La gauche flippe que la droite veuille établir une dictature fasciste, Berlin style. La droite flippe que la gauche veuille tenter une révolution communiste, Moscou style. Ça conspire de partout… Mais c’est finalement la droite, et plus particulièrement un petit groupe de généraux, qui va lancer les festivités le 17 juillet 1936.

Une bonne vieille insurrection militaire, normalement ça passe crème. Sauf que là c’est littéralement un demi-échec (ou une demie-victoire, c’est selon) : seule une moitié du pays suit le mouvement, l’Espagne se retrouve coupée en deux, le gouvernement central ayant lâché l’affaire.  

Si les républicains conservent les régions les plus riches et industrialisées (notamment Madrid, Barcelone et Valence), les nationalistes possèdent une plus grande expérience militaire. En prime ils se feront largement approvisionner en armes par l’Allemagne et l’Italie dès le début du conflit, tandis que la Russie mettra un peu plus de temps à se décider à fournir du matériel aux républicains (France et Grande-Bretagne ayant courageusement décidé de regarder ailleurs).

Alors évidemment le résultat est connu, pas de grosse grosse surprise dans la suite de l’histoire. Malgré une défense vaillante, les républicains ne vont faire que perdre du terrain : d’abord le nord en 37, puis l’ouest et le sud de l’Aragon en 38 (avec notamment la « célèbre » bataille de Teruel durant l’hiver 37-38, un bon gros bordel, 20 000 morts dans chaque camp…), Barcelone et la Catalogne début 39. Le 1er avril (la bonne blague), c’est plié, Madrid et le reste des républicains ont capitulé, les nationalistes entrent victorieusement dans la capitale, Franco à leur tête. Ah oui, tiens, Franco, ça me dit quelque chose… Non ce n’est pas un joueur de foot brésilien, ce sera la dictateur de l’Espagne jusqu’à sa mort en 1975 (il n’était pourtant qu’un membre mineur du putsch initial des généraux, mais la guerre a changé la donne…) !

Le bilan ? Effroyable vous vous en doutez, et difficile encore aujourd’hui à établir. Bien sûr il y a les pertes militaires : environ 200 000 morts. Grande première dans l’histoire des conflits : les bombardements de populations civiles (ça fera des émules pour les guerres suivantes), environ 15 000 morts. Et puis surtout les exécutions dans les zones contrôlées par chaque camp ! Les nationalistes massacrent en priorité les militaires non-putschistes et les sympathisants de gauche, avec un petit penchant pour les femmes. Côté républicain, on massacre les sympathisants de droite, avec un petit penchant pour les religieux. 50 000 exécutions arbitraires dans chaque camp tout de même… Et bien sûr un pays ravagé qu’il va falloir reconstruire, en travaillant main dans la main avec l’ennemi d’hier.

Voilà, une bien belle page d’histoire non ? Le trauma a dû être assez violent quand même… Je ne sais pas si les anciennes générations en portent encore les stigmates. Mais difficile à imaginer dans l’Espagne que j’arpente aujourd’hui, souriante et libérée semble-t-il des affres du passé.

4 Comments

  1. Perrot Isabelle

    Je me souviens très bien de  » l’ambiance  » tendue que je ressentais, petite fille quand nous allions en Espagne. Et des élevages de porcs !!!

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