Nukus ↔ Moynaq – 7 h de bus, plus un peu de taxi
Moynaq, 1960. Un charmant petit port de pêche dynamique sur la rive sud de la mer d’Aral, le quatrième plus grand lac du monde. Les prises sont nombreuses, et l’économie de la ville est florissante, grâce notamment à sa conserverie. Les pêcheurs locaux jouèrent d’ailleurs un rôle important lors de la famine russe de 1921-22, des quantités impressionnantes de conserves étant envoyées vers le nord à la demande de Lénine. Tout va pour le mieux dans ce joli coin du Karakalpakstan.
Moynaq, 1990. Au cours des années 60, les intransigeantes autorités soviétiques ont réclamé l’accroissement de la productivité des champs de coton, alors il a fallu détourner massivement l’eau des deux fleuves alimentant la mer d’Aral. Petit à petit, le rivage a reculé, et il se trouve aujourd’hui à une dizaine de kilomètres. La réaction des autorités : « Baaah, cela fera plus d’espace pour cultiver le coton… » La salinité de l’eau a fortement augmenté, les poissons (dont de nombreuses espèces endémiques) n’y ont pas survécu. En prime d’énormes quantités de sel et de pesticides (utilisés dans les champs et charriés depuis des années par les eaux des fleuves) se retrouvent désormais à l’air libre, et les vents grossissants transportent le tout sur des centaines de kilomètres. La mortalité infantile a explosé, ainsi que les cancers et les maladies respiratoires diverses. De nombreuses terres sont devenues impropres à la culture. Les été deviennent plus chauds, les hivers plus froids. Et les habitants fuient massivement la région, emportant sur de larges remorques leurs barques de pêcheurs.
Moynaq, 2020. La mer d’Aral n’est plus. Seuls subsistent 3 lacs maigrelets au nord et à l’ouest, là où la profondeur était maximale (et aussi grâce à un large barrage kazakh permettant de préserver la « petite mer d’Aral »). Du haut d’une falaise, les quelques touristes de passage peuvent contempler les ex-fonds marins, désormais une immense étendue désertique recouverte de buissons épineux. Des dizaines de coquillages dans le sable viennent témoigner d’un passé aquatique pas si lointain. Particulièrement photogéniques, quelques épaves rouillées ont été rassemblées en contrebas, vision presque surréaliste, fantômes d’une époque définitivement révolue. Un groupe de jeunes Ouzbeks en visite nous demandent si l’on pense que la mer reviendra un jour, eux qui ne l’ont jamais connue. Nous répondons bien sûr par l’affirmative, comment faire autrement. L’humanité est faite de rêves, et de quelques individus qui s’acharnent à les détruire.
Mer d’Aral
8000 av JC – 2014
RIP
















Vont pas se plaindre quand même. T’as vu la plage ? Chez nous avec la montée des eaux ça se réduit partout, les plages disparaissent, la côte est grignotée. Faudrait savoir ce qu’on veut. Jamais contents les écolos. C’est quand même bien la preuve que sans l’humanité pour la bricoler, la planète Terre serait dans un état déplorable depuis longtemps.
Il faudrait simplement trouver le moyen de déplacer cette plage au bord de la Méditerranée, et tout le monde serait content !
Vraie tragédie !
Ah ça…