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Un peu d’histoire ouzbèke (suite et fin)

Boukhara → Khiva – 6 h 30 de train

L’avantage de prendre un train à 4 h du matin, c’est que même si le trajet est plutôt long, il vous restera amplement le temps de faire plein d’autres choses à votre arrivée. L’inconvénient de prendre un train à 4 h du matin, c’est qu’on passe quand même une journée un peu dans le gaz… En tout cas me voici à Khiva, mon avant-dernière étape en Asie Centrale, et surtout la troisième ville de la célèbre « trilogie ouzbèke ». Mais d’abord, finissons notre leçon d’histoire !

Nous en étions tout de même au XVIème siècle, avec enfin le débarquement des Ouzbeks, des descendants de Chayban, l’un des nombreux petit-fils de Gengis Khan. Oui dans la région tout le monde lui est plus ou moins apparenté de toute façon… Les Ouzbeks végétaient à l’ouest de l’actuel Kazakhstan depuis quelques siècles, mais à force de se multiplier, ils finirent par manquer un peu de place. Et donc ils commencèrent par débarquer au Khorezm, une région historique (presque) fertile au sud de feu la mer d’Aral (qui bien sûr à l’époque était en pleine forme), où l’on trouve notamment… Khiva ! Puis ils avancèrent vers l’est, en se débarrassant au passage des anciens occupants, qui n’étaient plus trop en forme. Le truc, c’est que les Ouzbeks formaient vraiment une grande famille, et comme toutes les familles, ils connaissaient malheureusement quelques conflits internes. Donc plutôt que de former un seul beau et grand pays, ils se séparèrent en trois entités distinctes : le Khanat de Khiva, le plus ancien (1512 – 1920) ; le Khanat de Boukhara (1599 – 1920), devenu ensuite Émirat, ça fait plus classe ; et le Khanat de Kokand (1709 – 1876), à l’ouest, qui occupait toute la vallée de Ferghana, plus Tachkent sur la fin.

Fin XIXème, les Russes arrivent, d’abord l’empire, qui laisse gentiment les Khanats de Khiva et Boukhara en place, se contentant d’un protectorat sur eux. Puis les bolcheviks, qui eux n’envisagent pas un instant qu’une autre forme de gouvernement puisse co-exister au sein de la grande URSS. En 1924 est donc créée la République Socialiste Soviétique d’Ouzbékistan, voilà, un nouveau pays était né ! Alors bien sûr les nouveaux maîtres de la région vont faire un paquet de c***eries, notamment en imposant la culture intensive du coton, avec les conséquences dramatiques pour l’environnement que l’on connaît. Mais il faut bien le dire, tout ne sera pas complètement noir pendant cette période : émancipation des femmes ouzbèkes, disparition de l’illettrisme, augmentation considérable du niveau de vie, développement de la nouvelle capitale Tachkent (notamment après le séisme de 1966)…

Comme ses voisins, l’Ouzbékistan devient enfin indépendant en 1991, et sera reconnu par l’ONU dans la foulée. Et comme ses voisins, il va directement hériter d’un dictateur, Islam Karimov, qui se maintiendra au pouvoir jusqu’à sa mort en 2016. En jouant une partition classique : pas d’opposition, tutelle étatique des médias, de la culture, de l’économie (ça ne « ruisselait » pas des masses dans le coin)… Depuis, les Ouzbeks ont enfin eu droit à des vraies élections, et la situation politique s’améliore petit à petit. Maintenant, le challenge va être de s’attaquer à la corruption, et aux énormes problèmes climatiques qui s’annoncent… La route est encore longue, mais après des millénaires d’une histoire mouvementée, on n’est plus à quelques années près.

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