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Fête nationale mystère

Bichkek

Informé d’un potentiel spectacle matinal mettant en scène les traditions nationales, je mets mon réveil. Et voici que je me dirige de bonne heure vers la place Ala-Too, le cœur de la ville. Les rues sont agréablement calmes. À proximité de la place, un impressionnant dispositif de sécurité, avec des colosses patibulaires par dizaines. Mon sac à dos est attentivement scruté. « Qu’est-ce que c’est ? » « Euuuh, du gel hydroalcoolique pour les mains, regardez, une pression, et j’ai tué toutes les bactéries, hop ! » « Et ça qu’est-ce que c’est ? » « De la crème solaire… Voilà, je m’en mets sur le cou, voyez ? » « Et dans la gourde ? Ouvrez-là ! » « C’est de l’eau. H20. Pas gazeuse, rien. J’en bois une gorgée pour vous faire plaisir… » « Ok c’est bon. Passez une bonne journée monsieur ! »

Le cordon franchi, je m’aperçois malheureusement qu’il n’y a pas grand-chose à voir. Quelques militaires défilent au pas. Trois gardes hautement spécialisés paradent non loin du drapeau kirghize géant, dans une chorégraphie millimétrée qui, si ce n’étaient les uniformes, provoquerait force éclats de rire. Et c’est tout. J’attends quelques heures, mais rien de plus. On m’aurait menti ? Bon, je reviendrai dans l’après-midi. Pas grave, car en attendant, j’ai pu longuement contempler la foule endimanchée. Les hommes ont sorti leur chapeau traditionnel, et les femmes enfilé leur plus belle robe. Tous semblent heureux d’être là, fiers d’être Kirghize en ce jour de fête nationale. Et attendent aussi visiblement quelque chose, même si personne ne semble savoir vraiment quoi. J’ai cherché un programme en vain.

De retour dans l’après-midi. La foule a grossi. Vendeurs de thé et de glaces se succèdent tous les dix mètres. Des mascottes géantes sont là également. Ainsi que des jeunes vendeurs de drapeaux, bien sûr. Mais côté animations officielles, rien, wallou, nada. L’immense zone sécurisée est complètement vide, à l’exception de militaires et de quelques officiels. Personne ne rentre. L’attente continue. Dans la bonne humeur.

Je pars finalement dîner. En revenant, la foule a encore grossi. Et se presse désormais en partie devant les quelques sas d’accès à la zone sécurisée, en énormes tas protéiformes. Car ça y est, même s’il ne se passe toujours rien, ils laissent enfin rentrer les gens, au compte-goutte, après une fouille minutieuse. Jouer des coudes semble s’avérer nécessaire. En ce qui me concerne, c’est bon, j’ai ma dose. Je ne sais pas ce que tous ces gens attendaient. Je ne saurai sans doute jamais. Mais après tout, la fébrile excitation de l’attente ne l’emporte-t-elle pas parfois sur l’évènement attendu ?

Note : en l’occurrence je connais tout de même un évènement qui était attendu, a priori un orchestre russe pro-opération militaire spéciale, sur invitation du gouvernement. Je n’allais tout de même pas jouer des coudes pour ça…

4 Comments

    • Vadrouilleur

      Foule au pire indifférente, au mieux très amicale. Les Kirghizes se sont un peu agités ces dernières années contre leur gouvernement corrompu, mais ils adorent les touristes (qui demeurent peu nombreux, ceci explique sûrement cela…).

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