Cholpon Ata → Karakol – 3 h plutôt pénibles en taxi partagé
Fondée en 1869 par l’Empire Russe, ville frontière au pied des sommets enneigés du Tian Shan, Karakol va porter un étrange nom imprononçable durant la période soviétique : Przewalsk, deux voyelles pour sept consonnes, pas mal. Ce nom vous est peut-être pourtant légèrement familier, car il fait référence au célèbre explorateur Nikolaï Przewalsky, qui donna son patronyme à la seule espèce de cheval sauvage connue. Petite bio.
Le jeune Nikolaï naît en 1839 du côté de Smolensk (tout à l’ouest de la Russie), au sein de la petite bourgeoisie locale. Il a tendance à s’ennuyer à l’école, et ne s’éclate qu’à la chasse durant l’été. À seize ans, il s’engage dans l’infanterie, pour imiter papa. Mais il se rêve avant tout explorateur, et commence à faire des pieds et des mains auprès de sa hiérarchie, longtemps sans succès. En 1867, il finit tout de même par décrocher une première mission : aller défricher la région de l’Oussouri, aux confins orientaux de la Russie, à la frontière avec la Chine et la Corée. On ne lui offre que des moyens extrêmement réduits, mais la légende veut qu’il ait gagné au poker les 12 000 roubles nécessaires à la bonne tenue de l’expédition. Qui s’avère être un brillant succès !
Désormais reconnu par la Société impériale de géographie, il va pouvoir enchaîner : en Mongolie et chez les Tangoutes (1871 – 1873), en Dzoungarie et au Lop Nor (1876 – 1878), au Tibet (1879 – 1880), aux sources du fleuve Jaune et dans le Taklamakan (1883 – 1885). L’homme a un profond mépris pour toutes les populations locales qu’il côtoie au cours de ses expéditions, et on retrouve dans ses comptes rendus quelques sympathiques formules : « La religion bouddhiste s’allie parfaitement avec le caractère paresseux du nomade », ou encore « L’homme chinois est un juif, doublé d’un pickpocket moscovite, les deux élevés au carré ». D’ailleurs il suggèrera vers la fin de sa vie une franche annexion par la Sainte Russie de toutes les populations mongoles et musulmanes d’Asie centrale… C’est en 1879 qu’il va croiser la route des fameux chevaux sauvages, nommés kurtag par les Khirgizes. Ils s’appelleront désormais « chevaux de Przewalsky », car bien sûr c’est uniquement lorsqu’un homme blanc nomme quelque chose (un animal, une montagne…) que cette chose devient réelle.
C’est finalement en chassant du côté de Karakol en 1888, afin de préparer une nouvelle expédition, qu’il va commettre une bête erreur fatale : boire l’eau d’une rivière en pleine épidémie locale de typhoïde. Il mourra en quelques jours, demandant à être enterré sur place. Il a donc droit aujourd’hui à un beau mémorial sur les berges du lac Issyk.
À noter que suite à leur « découverte », les chevaux de Przewalsky ont eu la vie dure : tous les zoos en voulant, des chasseurs se sont mis à massacrer des groupes entiers pour prélever quelques poulains. Déjà particulièrement fragilisée, l’espèce sera considérée comme éteinte à l’état sauvage en 1969. Dans les années 90, plusieurs projets verront le jour pour tenter de réintroduire l’espèce à partir des individus présents en zoo, et on trouve désormais à nouveau quelques troupeaux sauvages en Mongolie, mais aussi un certain nombre de troupeaux en semi-liberté notamment… en France, sur le causse Méjean ! Ou comment tenter de réparer nos conneries…


















Pas très sympathique ce personnage !
Attention, tu fais de la russophobie, typique de l’Occident sataniste !