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La mer, loin de la mer

Bichkek → Cholpon Ata – 4 h de taxi partagé

Me voici sur les berges du lac Issyk (Issyk-Koul, avec plein de variantes orthographiques possibles, ce n’est jamais simple les noms dans le coin…), littéralement le « lac chaud », de loin la plus grande étendue d’eau du Kirghizstan. À 1600 m d’altitude, et avec une profondeur maximale de 668 m, on pourrait croire qu’il porte mal son nom, mais des sources chaudes souterraines plus une légère salinité font que le lac ne gèle jamais, même au cœur du glacial hiver kirghize. Avec ses 180 km de long pour 60 km de large, on est en présence d’une véritable petite mer intérieure (10 fois le lac Léman). On y trouve même des plages de sable fin ! Plus, vous vous en doutez, des touristes.

Forcément, quand l’océan le plus proche se trouve au sud du Pakistan, on se dit qu’un grand lac fera finalement bien l’affaire. Avec en prime le bon air de la montagne. Ainsi depuis les années 50, les étés à Cholpon Ata tiennent la dragée haute à ceux de la Côte d’Azur. Le lac a d’abord servi de refuge estival aux cadres du Parti, aux équipes sportives cherchant des stages d’altitude, ainsi qu’aux cosmonautes de retour de mission (plus original). La zone était bien évidemment strictement interdite aux étrangers. Après l’indépendance, la région va connaître un petit passage à vide, mais désormais la fête bat à nouveau son plein, avec des contingents annuels de Russes, de Kazakhs et de Kirghizes bien nés. Plus occasionnellement un Occidental ou deux, surpris par l’ambiance. Sur la plage, ça bronze en descendant des pintes de bière, tandis que les gamins s’amusent dans l’eau (qui n’est effectivement pas si froide). Les marchands de glaces et de divers trucs gonflables sont légion. Les jet-skis défilent bruyamment au large. Et le soir, les sonos font cracher les watts. Il ne manque guère que les palmiers. Mais on trouve des yourtes à la place.

À noter que manque de pot, ici il pleut des cordes depuis trois jours (à Bichkek c’était nettement mieux). La limpidité de l’eau n’est plus qu’un souvenir, et les rues de sable / terre sont devenues un vaste bourbier. Ce qui ne semble pas déranger outre mesure les estivants. On ne va quand même pas se gâcher les vacances pour trois gouttes d’eau !

Petite anecdote historique pour finir : la terrible épidémie de peste noire qui ravagea l’Europe au XIVème siècle trouverait son origine dans la région. Ce sont d’abord les marmottes locales (ça change des pangolins) qui auraient été porteuses de la bactérie Yersinia Pestis, puis celle-ci se serait diffusée vers l’ouest grâce aux caravanes de la route de la soie. Eh oui, la mondialisation ne date pas d’hier !

4 Comments

    • Vadrouilleur

      Je ne sais pas trop, mangeaient ou utilisaient leur fourrure… En tout cas ensuite le bacille a été véhiculé par les humains, mais aussi les rats, les puces et les poux, qui tous se baladaient en communauté le long de la route de la soie.

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