Singapour
L’avantage pour les Singapouriens amateurs de verdure, c’est qu’il leur suffit de prendre un petit coup de métro, et bim, les voilà au milieu de la jungle (bon en pratique il leur faudra marcher quand même quelques minutes depuis la bouche, mais c’était histoire de dire). Alors évidemment on n’est pas sur de la jungle impénétrable pleine de paludisme, de sangsues et de tigres : le dernier félin de l’île a été abattu dans les années 20, triste. Mais on y croise quand même pléthore de macaques à longue queue, d’écureuils palmistes et de varans malais.
C’est peu pour de la forêt équatoriale vous allez me dire ? Eh bien oui, mais là on ne parle que des espèces diurnes qui font relativement peu de cas de la présence humaine, voire qui la cherchent, comme certains primates qui ont malheureusement été nourris à coup de cochonneries, malgré la présence d’énormes panneaux un peu partout indiquant clairement en quatre langues « Ne nourrissez pas les singes bon sang de bois, ils se débrouillent très bien sans vous ! » C’est là tout le drame de l’humain dans sa relation avec la vie sauvage : soit il la détruit (par plaisir ou par inadvertance), soit il veut la domestiquer (pour pouvoir in fine prendre un selfie avec). En tout cas si vous revenez de nuit, vous devriez pouvoir croiser pangolins, cerfs, civettes et chauve-souris géantes, tous bien dissimulés durant la journée.
Il n’y a pas foule sur les sentiers aux heures chaudes (ça se remplit surtout en fin d’après-midi), et vous pouvez régulièrement vous croire seuls au monde, bien loin du strass et du stress de la ville pourtant à deux pas. Puis un détail finit toujours par vous ramener à la réalité : un masque chirurgical abandonné au milieu du chemin, une station de pompage avec force caméras, ou une autoroute à traverser, l’île de Singapour n’étant finalement pas si grande. Qu’importe, l’illusion est là, et suer à grosses gouttes à l’ombre de la dense canopée, à l’affût des moindres sons et mouvements, est un petit plaisir que je préfère finalement à la climatisation polaire des centres commerciaux en simili-marbre. Même si c’est toujours sympa d’alterner. Et il faut bien l’avouer, le petit thé glacé en fin de journée fait plaisir.













