Centenaires en pagaille

Kumejima

Bien trop souvent, la « civilisation » apportée par nos douces contrées aux « sauvages » des petites îles isolées du Pacifique a eu des effets catastrophiques : esclavage, évangélisation forcée, épidémies… Et ça c’est juste pour les premiers contacts. Car on peut rajouter plus récemment tabagisme, alcoolisme, autres dépendances diverses, diabète et obésité causés par la malbouffe… Les bienfaits de la civilisation sont là, aucun doute. La conséquence : une espérance de vie rachitique. Par exemple en Papouasie-Nouvelle-Guinée elle n’est que de soixante ans… Et c’est globalement la même dans tout le Pacifique.

Mais il existe quelques îles d’irréductibles ascètes qui défient tous les pronostics : l’archipel Nansei (littéralement archipel du « sud-ouest »), dont font partie Okinawa et Kumejima. C’est même l’endroit sur terre qui compte le plus de centenaires : actuellement presque 1 habitant sur 1 000, record absolu. Et pas des grabataires hein, des centenaires qui ont la patate. Alors comment se fait-ce ? Évidemment le phénomène a été largement étudié, pas comme si l’humanité cherchait depuis toujours le secret de la vie éternelle.

Bien sûr l’alimentation y est pour beaucoup ! Nombreux « super-aliments » locaux aux vertus bénéfiques, peu de viande rouge, du poisson en quantité, peu de gras, peu de sucre, peu d’alcool, des recettes à cuisson lente… Vient ensuite l’activité physique quotidienne, conséquente (la plupart des centenaires sont d’anciens agriculteurs). Puis une bonne connaissance de sa propre santé, qui permet d’anticiper la plupart des problèmes à venir. Et enfin un réseau social dense, de voisinage, basé sur l’entraide mutuelle. Évidemment le climat agréable joue aussi…

Bref, une vie saine, active et bien entourée. Très éloignée de celle des jeunes générations d’îliens, qui ont rejoint la valse auto-destructrice mondiale. On verra si les progrès de la médecine réussissent à compenser la malbouffe, la sédentarité et l’isolement…