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Implosion imminente ?

Delhi

En 2023, l’Inde était la 5ème puissance mondiale en terme de PIB. Mais pour le PIB par habitant, elle se trouvait au 127ème rang… Tentative d’analyse de la société indienne.

On peut globalement diviser la population en trois catégories : les pauvres, voire très pauvres, 1.2 milliards (plus tous ceux que le recensement est incapable de compter…) ; la classe moyenne, 300 millions ; les riches, voire très riches, un bon million.

Les pauvres représentent donc en gros 80% de la population. Ils habitent principalement à la campagne ou dans les franges des villes. Peu, ou pas éduqués. Occupent des emplois informels ou des « petits boulots ». Vivent au jour le jour, concentrés exclusivement sur leur survie. Légère entraide communautaire à la campagne, chacun sa misère dans les villes. Comptent sur leur foi pour s’en sortir. Votent majoritairement Modi. Crachent sur la classe moyenne et rêvent de la vie des riches.

La classe moyenne représente en gros 20% de la population. Ils habitent principalement en ville, peuvent parfois être propriétaires de leurs appartements. Niveaux d’éducation inégaux, entre une ancienne petite bourgeoisie, pas toujours très éduquée, et une jeunesse ayant souvent fait de longues études. Travaillent 60 h par semaine dans le commerce, l’industrie ou les services, à des postes de techniciens ou de cadres. Réussissent à mettre un peu d’argent de côté pour s’assurer une couverture santé, payer des études à leurs enfants (1 ou 2 maximum), et à l’occasion partir quelques jours en vacances pour se prendre en selfie toutes les cinq minutes. Classe hautement concurrentielle, étant donné le nombre limité de jobs à pourvoir, la perte dudit job impliquant bien souvent un déclassement immédiat. Comptent sur leur intelligence et leur pugnacité pour s’en sortir. Votent minoritairement Modi. Méprisent les pauvres et les riches (même s’ils envient ces derniers).

Les riches représentent en gros 0,1% de la population. Ils habitent des maisons ou de luxueux appartements dans des quartiers sécurisés en ville. Souvent éduqués dans de très chères écoles privées, mais parfois plus pour le principe que par réelle nécessité. Principalement des héritiers de longues dynasties, propriétaires terriens, dirigeants d’entreprises, hommes politiques, mais aussi parfois des nouveaux riches : joueurs de cricket, acteurs de Bollywood… Essentiellement préoccupés par le meilleur moyen de montrer l’étendue de leur richesse. Solidarité de classe et accointances politiques afin de s’enrichir toujours plus. N’ont pas besoin de compter sur quoi que ce soit pour s’en sortir. Votent majoritairement Modi, qui les chouchoute. Ignorent superbement les pauvres et méprisent ouvertement la classe moyenne.

À noter que globalement ces trois catégories, à de rares exceptions près, sont à peu près imperméables. Et que les extrêmes ont tendance soit à se paupériser de plus en plus (le COVID d’ailleurs n’a pas aidé, il n’y a pas vraiment eu de « quoi qu’il en coûte » ici, et pourtant les restrictions ont été très sévères, problématique quand on gagne tout juste de quoi nourrir sa famille chaque jour), soit à s’enrichir de plus en plus.

On peut par ailleurs rajouter une autre division essentielle dans la société indienne : environ 80% d’hindous et 15% de musulmans (plus 5% de chrétiens, sikhs, bouddhistes, jaïns). Deux religions principales qui s’affrontent depuis plus de 1 000 ans et qui ne peuvent absolument plus se blairer. Avec un gouvernement actuel qui fait tout pour stigmatiser et ostraciser au maximum les musulmans.

J’ai eu une conversation très intéressante hier dans le train avec un hindou de la classe moyenne. Il prédit une guerre civile d’ici 5 ans maximum. J’espère qu’il a tort. Mais il faut dire que la plupart des ingrédients sont là…

6 Comments

  1. P'pa

    Surtout, ne pas se leurrer sur l’humanité… Ça permet d’avoir moins peur quand on se sait capable du pire.

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