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Backwaters

Kochi

Au Kerala, parallèlement à la côte de Malabar, un gigantesque réseau de canaux, lagunes et lacs saumâtres forme les biens-nommés « Backwaters », où l’eau et la jungle s’associent harmonieusement, abritant petits villages de pêcheurs idylliques et colonies d’oiseaux. Dès que l’on pénètre dans cet inextricable labyrinthe, la clameur des klaxons disparaît, remplacée par le chant de la nature et à l’occasion un éventuel ronronnement de moteur. L’idéal pour visiter ce petit coin de paradis : une barque à fond plat, une longue perche de bambou, et vas-y que je pousse ! Exclusivement pour les touristes, les locaux, eux, ayant depuis longtemps adopté la motorisation, parce que ramer ça va bien cinq minutes.

Ces terres désolées, certes superbes à nos yeux de touristes de passage, mais incultes, porteuses de maladies et inondées pendant la saison des pluies, n’accueillaient il y a encore 50 ans que les plus basses castes, familles de pêcheurs pas même autorisées à aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Mais l’Inde a bien changé, les castes n’ont officiellement plus lieu d’être (même si…), les maisons en dur ont remplacé les huttes saisonnières, et la plupart des gens ont tout simplement déguerpi vers les villes les plus proches. Pour ceux qui restent, petits hôtels de charme, bateaux-maisons, retraites ayurvédiques, ou encore excursions à la journée (ce que j’ai fait) ont permis une nette amélioration du niveau de vie.

Comme partout ailleurs le plastique s’est invité à la fête, aussi malgré l’eau parfois cristalline et que l’on sent délicieusement rafraîchissante, la baignade n’est pas vraiment envisagée. Mais quel plaisir de regarder défiler dans un parfait silence ces murailles végétales, entrecoupées de scènes du quotidien. On apprend même les mille et un usages du cocotier : on ne se limite bien évidemment pas à manger sa délicieuse noix et à boire son jus délicatement sucré. Faites sécher la fibre qui entoure la coque, puis tressez-la, vous obtenez une corde des plus robuste. Coupez une belle palme en deux dans le sens de la longueur, puis nattez-la, vous obtenez un parfait tapis de sol ou une toiture étanche. Quant au tronc, un bois léger et solide, les usages sont évidemment multiples.

Des traditions qui ne subsisteront sans doute bientôt plus que pour des touristes avides de folklore, car quel jeune tiktokeur voudrait passer désormais sa vie à tresser de la fibre de coco ? On ne peut guère l’en blâmer…

6 Comments

  1. P'pa

    J’ai fait un gros plan sur les pieds de la dame qui tresse. Déformation impressionnante ! On se demande si c’est douloureux.

    • Vadrouilleur

      Je ne sais pas si c’était douloureux (j’espère que non), mais c’était parfaitement adapté pour agripper la palme durant le tressage !

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