Louxor → Le Caire – 10 h de bus
Journée de transition, vous reprendrez bien une petite leçon ? Nous nous étions arrêtés en 30 avant JC, quand suite à la victoire d’Auguste contre Cléopâtre VII et Marc-Antoine, l’Égypte perd sa souveraineté pour la première fois depuis 3000 ans, et devient une simple province du gigantesque Empire Romain. Le temps des pharaons n’est plus !
Pour les habitants, rien ne change vraiment, si ce n’est qu’ils doivent apprendre le latin, et que le denier remplace progressivement le drachme. La pax romana en vigueur limite les conflits, et Alexandrie en profite pour continuer son développement, devenant après Rome la ville la plus importante du pourtour méditerranéen, attirant intellectuels et marchands. Certes juifs et chrétiens se mettent un peu sur la tronche, mais rien de bien méchant. Au Vème siècle l’Empire Byzantin prend la place de l’Empire Romain, mais c’est finalement plus du branding qu’autre chose.
Et puis voilà qu’une nouvelle religion débarque dans la région, compliquant un peu la donne. En 639, le général Amr ibn al-As, un pote de Mahomet, se ramène avec son armée depuis l’Arabie voisine et soumet l’Égypte en deux ans (sauf les irréductibles Nubiens bien sûr, qui résistent encore et toujours à l’envahisseur). Alexandrie est abandonnée au profit du Caire. Les dynasties se succèdent alors : Omeyyades, Abbassides, Toulounides, Ikhchidites, Fatimides, Ayyoubides, Mamelouks… Pour les habitants, rien ne change vraiment, si ce n’est qu’ils doivent apprendre l’arabe, et se mettre à prier cinq fois par jour (pas d’obligation hein, c’est juste que s’ils ne se convertissent pas à l’Islam, ils demeurent des citoyens de seconde zone…).
Arrivent les Ottomans en 1517, qui englobent pour quelques siècles l’Égypte dans leur conséquent empire. Pour les habitants, strictement rien ne change, puisque coup de bol ils étaient déjà presque tous musulmans…
Ensuite c’est Napopo qui s’y met en 1798 (tiens, ça faisait longtemps que je n’avais pas croisé la route de notre cher empereur), la vallée du Nil devient française pour 3 ans (ridicule). Mais les Anglais ne l’entendent pas de cette oreille, et vont s’allier aux Ottomans pour mettre les Français dehors. Un homme émerge de la bagarre : Méhémet Ali, qui s’installe à la tête du pays, et fonde sa dynastie perso, les Alaouites. Lui et ses successeurs vont moderniser à marche forcée le pays, et s’émanciper petit à petit de la domination anatolienne (mais pas complètement non plus). Pour les habitants, les impôts et les corvées augmentent, alors ils tentent vaguement de se révolter, mais évidemment ça se termine en bain de sang, classique.
Les réformes alaouites ayant ruiné le pays, les Anglais, principaux créanciers, décident en 1882 de s’emparer par la force de l’Égypte pour se rembourser un peu à la source. Si le protectorat officiel prend fin en 1922 (pour être remplacé par une sorte de monarchie), les Anglais restent largement dans le coin, histoire notamment de garder un œil sur le précieux canal de Suez. Pour les habitants, rien ne change vraiment, il s’agit juste d’apprendre l’anglais en seconde langue.
Enfin, en 1952, les Anglais sont chassés une bonne fois pour toute, et l’Égypte obtient une pleine et entière indépendance, pour la première fois depuis près de 2000 ans, youhou ! Indépendance qui s’accompagne finalement d’un retour des « pharaons » au pouvoir, d’abord Nasser (1954-1970), puis Sadate (1970-1981), puis Moubarak (1981-2011). Pour les habitants, rien ne change vraiment, si ce n’est que quelques rares élus deviennent extrêmement riches, et que l’immense majorité s’appauvrit progressivement.
Le quotidien du peuple : brutalités policières, corruption, état d’urgence permanent, chômage, manque de logements, liberté d’expression réduite à néant, inflation galopante… Ce qui devait arriver arriva : en 2011, une formidable révolution populaire pousse Moubarak à la démission. Et ensuite ? Eh bien ensuite rien ne change évidemment, sauf le nom du président-dictateur. L’avenir ? Pour beaucoup d’Égyptiens, il semble de plus en plus morose. À suivre…
