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Mais au fait, c’est quoi la Nubie ?

Assouan

Alors ça tombe bien, j’ai fait un petit saut aujourd’hui sur le continent pour aller arpenter le passionnant Musée Nubien. Bien sûr le temps d’y parvenir on m’a proposé 173 fois un tour en felouque, 94 fois un taxi, 62 fois un tour en calèche, 58 fois d’entrer dans une boutique de souvenirs / épices / bijoux, et on m’a demandé de l’argent directement 33 fois. J’ai décliné poliment. Je précise que l’on m’a aussi salué 251 fois juste pour le plaisir d’échanger quelques mots avec un étranger, ce qui est nettement plus plaisant, même si forcément un peu fatigant à la longue. En tout cas, quel que soit l’endroit où vous envisagez d’aller, prévoyez toujours un peu plus de temps que nécessaire…

La Nubie donc. Déjà ne cherchez pas sur une carte moderne, ce pays n’existe pas (plus). Il s’agit géographiquement des abords du Nil sis entre la 1ère cataracte (où je me trouve, pour rappel) et la confluence Nil Bleu / Nil Blanc, au niveau de l’actuelle Khartoum. Une région historique donc, à cheval sur deux pays modernes, l’Égypte et le Soudan. Les habitants de cette région, je vous le donne en mille : les Nubiens. Des nomades qui débarquent petit à petit du désert il y a plus de 5000 ans, et qui vont en se sédentarisant fonder l’une des plus anciennes civilisations africaines. Car longtemps considérée comme une simple extension de l’envahissant voisin égyptien, il est aujourd’hui établi que la Nubie, siège du puissant Royaume de Koush, a toujours suivi sa propre voie et développé sa propre culture.

Allez cette fois je vous épargne la leçon d’histoire, mais même si l’on a affaire à deux civilisations et deux peuples différents, les destins de la Nubie et de l’Égypte ont longtemps été intimement liés. Un peu comme deux voisins de banlieue pavillonnaire : vas-y que je ne taille pas ma haie, vas-y que je t’envahis, vas-y que tu gares toujours ta voiture devant ma porte, vas-y que je t’envahis à mon tour alors… Il faut dire aussi que la région était plutôt riche en or, ce qui est toujours source de grands malheurs pour les simples habitants. Faits amusants : alors que l’Égypte devient petit à petit grecque puis romaine, les vieilles traditions subsistent en Nubie. Et quand cette dernière devient finalement chrétienne, sous l’influence de l’Éthiopie, elle va embrasser cette nouvelle foi avec ferveur, et tiendra longtemps tête à l’Islam (jusqu’au XIVème siècle), s’alliant même provisoirement aux Croisés européens, qui la poussent à attaquer le califat égyptien par le sud.

Bon évidemment on va finir par tout fiche en l’air. Pour une fois pas les Français… Mais à la fin de la colonisation anglaise, de nouvelles frontières sont tracées, coupant la malheureuse Nubie en deux. Et dernière catastrophe en date : la construction du haut barrage d’Assouan, qui a certes régulé le débit du Nil et apporté de l’électricité aux Égyptiens, mais qui a surtout transformé toute la Basse-Nubie en un gigantesque lac, provoquant le départ forcé des 100 000 Nubiens habitant là, et engloutissant des centaines de monuments millénaires, pour certains déplacés grâce à un gigantesque plan de sauvegarde de l’Unesco… Mériterait un petit article d’ailleurs ce barrage, modernité VS désastre écologique et sociologique, en voilà un bon sujet !

4 Comments

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