Selçuk → Bergama – 4 h, via trois trains et un bus, mais enchaînement impeccable
Dernière étape anatolienne avant le retour à Istanbul pour récupérer mon vélo, du moins s’il m’attend toujours. Je m’étais dit tiens, pourquoi pas une ultime cité antique, Pergame, c’est sur ma route, et puis j’ai lu plutôt des bonnes choses dessus. En plus le nom ne m’était pas inconnu, puisque lors de mon passage à Berlin durant le précédent périple vélo, j’avais pu voir l’incroyable façade de l’autel de Zeus en visitant l’incontournable Pergamonmuseum. Non, ce n’était a priori pas du vol d’antiquités, mais bien un accord entre l’Allemagne et l’Empire ottoman, plus sans doute quelques bakchichs.
J’avais juste peur qu’après Éphèse, ce soit un peu mouaif. Or puisque c’est à Éphèse que j’ai fait mouaif, tout restait possible. Eh bien il se trouve que j’avais gardé le meilleur pour la fin ! Alors certes, la conservation du site n’est pas tout à fait à la hauteur de son illustre voisin, mais en terme d’atmosphère (ai-je une gueule d’atmosphère ?), on est sur un tout autre level.
Après la mort d’Alexandre en -323, c’est Lysimachus, un de ses généraux, qui prend le contrôle de la plupart des territoires autour de la mer Égée. Il se trouve qu’il a en sa possession une grosse quantité d’or, qu’il a envie de flamber un peu avec, et que vu qu’à son époque on ne pouvait guère s’acheter un yacht de luxe, il s’est dit qu’il allait plutôt transformer Pergame, alors guère plus que trois huttes de paysans, en une cité de légende. Il faudra en l’occurrence quelques générations de dirigeants, mais entre -200 et -150, la ville est à son zénith, recouverte d’incroyables monuments, dont une bibliothèque qui rivalise alors avec celle d’Alexandrie. Et puis le moment de grâce va passer, la cité sera léguée aux Romains, qui vont lui préférer Éphèse, reléguant Pergame à une aimable bourgade de province, ce qu’elle est toujours aujourd’hui soit dit en passant (même si elle connaîtra une autre heure de gloire grâce à une célèbre clinique quelques siècles plus tard. Et non, elle n’était pas spécialisée dans les implants capillaires…).
Pergame s’étage sur une colline aux portes de l’actuelle Bergama. Le site est vaste, on parle quand même d’une ville de 150 000 habitants… Mais gros avantage : c’est étonnamment peu touristique. J’ai surtout croisé des locaux faisant leur petite balade du dimanche (à noter que la plupart des sites archéologiques et des musées sont gratuits pour les Turcs, pour peu qu’ils s’acquittent d’une carte annuelle à 3 euros… Pour les étrangers en revanche, les tarifs ont littéralement explosé ces dernières années, snif). Surtout, Pergame offre une incroyable liberté d’exploration, avec des points de vue absolument splendides sur Bergama et les environs. Le clou du spectacle est ici le théâtre : oui encore un, mais celui-ci, taillé en pleine pente (les zones plates étant rares et précieuses…), est plus vertigineux que jamais, âmes sensibles au vertige s’abstenir. Allez, cette fois on va dire que j’ai eu ma dose de vieilles pierres.



Minette en harmonie avec le décor !
C’est quoi cette histoire de billes ?
Ah je ne sais pas, c’était dans un coin du site, un beau tas de sphères en pierre au pied d’un arbre… Le titre n’est que conjecture ! 🙂