Stockholm
Puisque me voici dans la très belle capitale suédoise, pourquoi ne pas en profiter pour dispenser une petite leçon d’histoire-géo ? (Rhooo non, encore…)
La Suède est un vaste pays, guère plus petit que la France, mais tout en longueur : plus de 1500 kilomètres du nord au sud (contre « seulement » 500 d’est en ouest). Ça n’aurait pas été simple de tout faire à vélo… J’ai évoqué à plusieurs reprises un paysage de plaines couvertes de champs et de forêts : eh bien pour le sud du pays, c’est effectivement l’idée. Avec plein de lacs, précisément 92 409 (les mares ne comptent pas…), près de 10% du territoire. Par contre à mesure que l’on fait route vers le nord, fini les champs (et les humains), seule reste la forêt, à perte de vue. Et un peu de montagnes, les Alpes scandinaves, qui forment la frontière avec la Norvège. Grâce à ses forêts, la Suède est d’ailleurs l’un des rares pays développés à compenser son empreinte carbone, la classe.
Pour ce qui est de l’histoire, on a pu voir qu’il y avait eu quelques bisbilles avec le Danemark. Mais ce n’est évidemment pas la seule guerre de voisinage que le royaume ait eu. 11 000 ans avant J.C. (ça ne nous rajeunit pas…), le pays est recouvert d’une épaisse calotte glaciaire, peu pratique. Et puis à mesure que la glace se retire (vive le réchauffement climatique), des groupes de chasseurs-cueilleurs se baladent dans la région. Ils finissent par se sédentariser, et s’organiser en clans. Légère accélération jusqu’au IXème siècle : portés par un désir d’enrichissement ou peut-être simplement l’envie d’aller voir ailleurs, les clans deviennent les terribles Vikings ! D’ici ils traverseront la Baltique et suivront les grands fleuves de l’est de l’Europe : la Volga jusqu’à la mer Caspienne puis Bagdad ; et le Dniepr jusqu’à la mer Noire puis Constantinople. Beaux voyages. Ils profiteront d’ailleurs de ces expéditions en territoires slaves pour former de véritables royaumes, notamment la « Rus’ de Kiev », l’ancêtre de l’Ukraine (même si certains se plaisent à dire que l’Ukraine n’a jamais existé en tant que nation…). Rus’, qui donnera bien sûr Russie, est le petit surnom donné aux Varègues (les Vikings suédois) par les Slaves, signifiant tout simplement « les Roux ». C’est marrant l’étymologie.
Et puis la christianisation arrive, et avec elle l’unification progressive du pays, à partir du XIIème siècle. Stockholm est fondée en 1248, gros succès assez immédiat. Démarrent les bisbilles avec les Danois, qui s’emparent d’une partie du royaume. Pas une super période, disons-le clairement. C’est alors qu’arrive un héros, l’Histoire en a besoin : Gustave Vasa. Le 6 juin 1523, après diverses péripéties, il devient enfin roi de Suède. Dans la foulée il renvoie les Danois chez eux, confisque une partie des biens de l’église pour renflouer les caisses, impose ensuite le luthéranisme, et réorganise les institutions : il supprime notamment le système de désignation électorale du roi, pour le remplacer par un bon vieux système héréditaire, pas folle la guêpe. Bon sauf que l’inconvénient d’un système héréditaire, c’est que les gamins sont souvent des petits parvenus pas forcément à la hauteur des parents. La fin du XVIème sera un joyeux bordel. Le siècle suivant verra à nouveau arriver au pouvoir quelques souverains pas trop mauvais, et le royaume va connaître son apogée territoriale en 1658, avec en plus de la Suède actuelle la Finlande, des bouts de Norvège, l’Estonie, la Lettonie, et même Saint-Pétersbourg !
Ensuite au fil des ans et des guerres, les frontières vont rétrécir, jusqu’à celles que nous connaissons actuellement. À noter pendant longtemps d’importants liens d’amitié entre le royaume de France et celui de Suède, mais en guerre contre Napopo, comme une bonne partie de l’Europe ceci dit. Ce sera d’ailleurs son dernier conflit, puisque le pays adoptera par la suite une proverbiale neutralité. La Suède se modernise, s’industrialise, la royauté reste en place mais c’est progressivement le parlement, le Riksdag, qui reprend les rênes du pays. Alfred Nobel invente la dynamite en 1867, et son immense fortune permettra la création du prix qui porte son nom. Les guerres mondiales ne feront que passer. Entrée dans l’Europe en 1994, un poil en traînant les pieds. Et très prochainement entrée dans l’OTAN. Fin de la neutralité ? Espérons que non.