Antigua Guatemala ↔ Acatenango
L’ascension du volcan Acatenango représente pour beaucoup de visiteurs (un minimum en forme) le point culminant (au sens propre comme figuré) de leur voyage au Guatemala. Car ce superbe cône, non content de s’élever à près de 4 000 m et d’offrir évidemment un panorama spectaculaire depuis son sommet, est avant tout le frère jumeau du Fuego, le volcan le plus actif du pays. Dans ses bons jours, le Fuego peut entrer en éruption toutes les 20 minutes environ, projetant à la ronde des gerbes de lave incandescente. Or celles-ci révèlent toute leur splendeur à la nuit tombée, transperçant l’obscurité d’une vive lueur sanglante. Un spectacle que beaucoup qualifient d’inoubliable, malgré toute la difficulté que représente l’ascension d’un sommet de 4 000 m. À l’origine j’étais motivé pour effectuer une petite grimpette en solitaire sur une journée, mais la perspective de voir ces lumières nocturnes m’a poussé à envisager le tour de deux jours qu’offrent toutes les agences de voyage d’Antigua. Avec des tarifs allant du simple au quadruple, selon la qualité de la nourriture et surtout de l’hébergement, celui-ci variant d’une bâche tendue au dessus de 20 personnes à un alignement de petites cabanes pour deux dormeurs. Quoi qu’il en soit, une nuit glaciale à 3 600 m est rarement d’excellente qualité. J’ai personnellement opté pour une agence 100 % locale, celles-ci étant largement minoritaires face aux usines à touristes possédées par des étrangers…
Deux problèmes néanmoins : le mois de juin au Guatemala, c’est la saison des pluies. Des trombes d’eau s’abattent chaque jour sur le pays. C’est l’inconvénient du voyage au long cours : on a beau essayer d’optimiser, on se retrouve parfois à visiter une contrée dans sa saison la moins propice. Par ailleurs, le Fuego a connu une éruption particulièrement violente le 5 juin, entraînant l’évacuation de plusieurs centaines de personnes. Or généralement, la période qui suit une éruption majeure est plutôt très, très calme, le volcan s’étant bien sûr débarrassé de son surplus.
Ces précisions faites, voici un petit résumé de ces deux jours, au sein d’un groupe de 13 grimpeurs et 3 guides.
Dimanche, 7 h – Un minibus fait le tour d’Antigua pour ramasser son petit groupe de touristes sur-motivés.
Dimanche, 8 h – Petit-dèj traditionnel non loin du point de départ, consignes, location du matériel pour ceux qui ne sont pas partis en vacances au Guatemala avec bâtons de marche et veste Gore-Tex, quelle idée…
Dimanche, 10 h – C’est parti ! Si vos journées consistent principalement à rester assis derrière un bureau, avec un petit tour occasionnel à la salle, vous allez souffrir. Si vos journées consistent depuis 2 ans à effectuer quotidiennement une quinzaine de kilomètres à pied, vous allez vous marrer.
Dimanche, 12 h – Ça y est, vous pénétrez dans les nuages. Forêt moussue et silence ouaté sont désormais vos compagnons.
Dimanche, 14 h – Pour les plus rapides, c’est l’arrivée au camp, avec un déjeuner bien mérité. Visibilité : néant. Éruptions : néant. Température ressentie : -10°C.
Dimanche, 17 h – La grande majorité des grimpeurs sont planqués dans leur cabanon. Quelques braves guettent la moindre éclaircie, qui permet d’entrapercevoir durant quelques secondes le Fuego tout proche. Alternance de pluie et de brouillard. Visibilité : parcellaire. Éruptions : néant. Température ressentie : -20°C.
Dimanche, 19 h – La nuit tombe, l’heure d’un repas chaud rapidement expédié, puis tout le monde regagne ses pénates pour une nuit qui s’annonce plutôt difficile. Il pleut copieusement. Visibilité : néant. Éruptions : néant. Température ressentie : -30°C.
Lundi, 3 h – Pour ceux qui ont eu la chance de dormir, il est temps d’ouvrir les yeux. Pour les autres, cela va enfin être la délivrance, l’heure de monter au sommet à la frontale pour admirer un glorieux lever de soleil. Problème : il a plu toute la nuit, et ça continue. Les guides annoncent que ça ne va pas le faire. Retournez dormir braves gens. Visibilité : néant. Éruptions : néant. Température ressentie : -40°C.
Lundi, 6 h – Un petit café pour tenter de réchauffer les mains engourdies. La pluie s’est arrêtée, mais on ne voit pas à trois mètres. Les guides, conscients que le moral de leur groupe n’est présentement pas au beau fixe, proposent néanmoins de grimper au sommet, qui sera tout autant dans les nuages, mais bon, c’est le sommet quoi. Une majorité de courageux se lancent, après tout on est là pour ça. Visibilité : néant. Éruptions : néant. Température ressentie : -30°C.
Lundi, 8 h 30 – Sommet en vue ! Et, magie de la haute-montagne, les nuages sont régulièrement chassés par de fortes bourrasques de vent, laissant soudainement apercevoir un panorama spectaculaire ! Juste quelques secondes, avant qu’il ne disparaisse tout aussi vite. Puis il réapparaît, et disparaît à nouveau, dans un émouvant ballet. Le moral est remonté en flèche. Les grimpeurs sont épuisés par la difficile ascension, leur courte nuit et le manque d’oxygène, mais la beauté des paysages les laisse sans voix. Toujours pas d’éruptions néanmoins… Visibilité : occasionnelle, mais magique. Éruptions : néant. Vent : 150 km/h. Température ressentie : -20°C.
Lundi, 11 h – La descente est longue et éprouvante, mais le petit groupe a le sourire après l’incroyable spectacle que leur a offert le sommet. Bien sûr les éruptions manquent à l’appel, d’autant plus que la plupart des visiteurs ne sont là que pour ça. Mais la philosophie prends le dessus. On reviendra, la vie est longue, tout ça… Petit déjeuner presque au bout du sentier, pour grappiller quelques ultimes forces. Les nuages sont à nouveau copieusement présents. Visibilité : néant. Éruptions : néant. Température ressentie : c’est bon, on a fait sauter progressivement les différentes couches dans la descente.
Lundi, 13 h – Le minibus pénètre dans Antigua, délivrant ses touristes odorants aux quatre coins de la ville. Une bonne douche, une petite sieste, et chacun peut passer à la suite de son programme, qu’il soit de quelques jours ou de quelques mois.
Note : 7/10. Manque quand même cette fichue lave, philosophie ou non… Mais c’est toujours plaisant de grimper au sommet d’une montagne !














































Manquerait plus que la nature réponde à tous nos désirs… Parfois il pleut, parfois il y a du brouillard, parfois ça caille, parfois on crève de chaud… La planète sait se rendre pénible et récompenser les vacanciers du Club Med et des hôtels quatre étoiles.
Au moins là-haut je n’ai clairement pas eu chaud ! Peut-être qu’avec un peu de lave ?
Finalement, le brouillard magnifie les choses…mais tu ne lui pardonnes pas d’en cacher (gâcher) d’autres !
Oui le brouillard apporte une certaine magie au paysage, du moins quand il accepte de se lever un tantinet !
Quelle épopée, on s’y croirait !, mais en même temps, vu les conditions…. pas vraiment envie d’y être !
J’exagère un chouia… :p Ce n’était certes pas mon expédition la plus plaisante, mais elle finit plutôt bien !